
organifés* elle nous inftruiroit encore fur le .
plan.de l’univers ; elle nous montrerait les moyens
de la Nature, dans une foule d’opérations extrêmement
intéreflantes ; elle nous découvrirait
peut-être des formules qui renferment mille
feerets de l ’économie animale. Mais, qui doutera
de l’importance de la Phyfiolpgie'végétale,
pour perfectionner l’Agriculture? Quand con-
noîtra-t-on. la manière de cultiver les plantes
avec profit, li ce n’efl lorfqu’on faura le mieux
leur rapport avec les élémens ? & quand péné-
trera-c-on mieux ces rapports, li ce n’eft encore
iorfque l’on aura approfondi l’organifation des
végétaux, le Jeu de leurs organes, l’influence
des circonflances fur eux ?, Le tems viendra où
les opérations de l’Agriculture ne feront plus
prefcrites .par une routine aveugle, ou par des
tâtonne mens dangereux • mais où l’on lira dans
la plante elle-rmême, fes rapports avec la terre
qui doit la nourrir, & les préparations qu’on
doit lui donner. C’.efl alors que les expériences
feront accompagnées de fuccès, & que la fueur
du laboureur fertilifera fûrement les champs
qu’elle arrofera.
La connoiflance des organes des végétaux
devient d’autant plus difficile -, que ces organes
font plus limples. : nous ne pouvons y voir
que des parties fimilaires.. S’agit-il de fibres, on
ignore epcore leurs dernières divifions : la fibre
la plus mince qu’on ait pu féparer, efl peut-
être encore u n e . fibre très-compofée, : & ce
phénomène des fibres fe préfente par-tout. Il
faudra dire la même chofe de toutes les autres
parties des végétaux, fi l’on veut leslapprofondir.
On fent bien-tôt que les organes de la génération
ne font les mieux connus dans les plantes,'
que parce qu’ils font compofés de parties affez
différentes entr’elles.
La defcription des parties ferait elle-même
encore infuffifante, fans la connoiflance de
leurs rapports, fans l’obfervatioii de leur jeu :
tout comme les rapports dès parties entr’elles
nefauroient être entendues fans une defcription
exaéle de ces parties. Comment faifiroit - on
faction des étamines pour la fécondation, fi l’on
ne pouvoir pas montrer les pouflières qui éclaten
t , de manière que la matière qu’elles contiennent
, tombe alors fur le piftil, dont l’ouverture
aggrandie recueille ce que les pouflières
ont laifle échapper ?
Les progrès de la Phyfique font néceflaires
pour la perfection de_ cette. Phyfiologie. Si l’on
ne connnoifloit pas les phénomènes réfultanrs
de l’aétion de quelques corps les uns fur les autres
, c’efl envain qu’on les verrait produits par
des organes préparés pour favorifer cette aélion.
C ’efl: feulement depuis les expériences qu’on a
faites fur le gaz, fur la. compofition de l’eau,
fur * les affinités de l’oxygène avec- la lumière,
qu’on commence à pénétrer l’action de la lumière
pour foutirer l’air pur des feuilles1. C ’efl
depuis qu’on fait que l’oxygène efl le principe
de l’acidité, qu’on voit les acides végétaux formés
par Lui. C’eft de cette manière qu’on voit
encore l’air inflammable fervir à la compofi-
fion des huiles, de falkali volatil ,& c .
Tous ces fecours fo n t, à la vérité, très-bornés:
le volume , la figure , la fituation des parties
font prefque les ieuls objets fenfibles des végétaux
: leur intérieur nous efl caché , de même»
que tous les événemens qui s’y paffent. On ne
fuit la Nature que dans les grades maflfes : on fe
traîne fur les filets qui forment les mailles un
peu confidérâbleson âpperçoit les grands vaif-
feaux qui font les réfervoirs dés fuCs : on cherche
vainement les filtres qui les rempliffent : le nombre
\ de ces corps ; de ces filets, de ces maillés y
efl fi grand , leur combinaifon fi différente & en
même-tems fi déterminée, là fineffe d’un très-
grand nombre de parties efl fi prodigieufé , qùè
rien n’a pu encore les rendre fenfibleS : & cependant
c’efl dans ce qu’on ne voit pas que fe
cachent les moyens qui produifent ce qu’on
voit. Et fi l’on parvient à découvrir quelque
chofe, la ftruefure vifible de ce qu’on pénètre
ne raffure point fur le fuccès des. découvertes
qu’on a pu faire ; puifque les parties cachées
renferment peut-être le démenti de ce qu’on a
cru voir.
Les parties élémentaires dés corps font peu
connues; Les raifons de leur combinaifon font
encore plus ignorées. Les rapports qui les enchaînent
, les effets qui réfultenr de cette union,
font dans l ’obfcurité. Et l’on ferait fouvent auflt
embarraffé' de dire ce qui rend les parties des
êtres organifés inféparables , que ce qui tend à
. les^.féparer. La chaleur, qui divife les parties des
végétaux fert à les réunir. Et l’eau qui efl in-
difpenfable pour la végétation, tue louvent les
végétaux.-
Mais ce qui multiplie les difficultés, c’eft que les
végétaux nefubfiftent que parle mouvement qu’ils
ont reçu & qu’ils confcrvent. Il faut donc connoî—
tre ce mouvement & fes caufes.Tout cela cependant
.e fl perdu pour nous. On voit bien que tout efl
: lié:, que toutes les parties dés végétaux leur
: font plus ou moins néceflaires. Mais" quelle efl
l’aélion particulière de chacune ? Quelle efl fon
influence fur toutes les autres ? Sans doute fi l ’on
pouvoit pénétrer dans cette obfcurité , on verrait
tous ces reflorts recevoir leur force pour
influer fur un feul , & chacun de ces raiforts
partager fon aclion à tous les autres : on verrait
toutes les parties dominées plus ou moins
par chacune d’elles, & chacune dominant à fon
tour toutes les autres. C’eft ainfi que , dans une
machine parfaite, il n’y a rien de fupérflu,
d’oifeux : mais tout y a une importanca lignifiait
te , qui fe fait fentir par-tout, pour procurer
P H Y
l ’effet général. Les racines fervent la plante ,
comme les feuilles & l’écorce : & quoique cha-
• ;cune foit à fa place , quoique chacune air des
fondions particulières, chacune procure à 1 en-
femble un effet particulier, qui devient feiifible
'dans le tout* :
Cette perïeéHon, qui paraît fi fimple , fi facile
à /produire , & que les efprits fuperficiels s imaginent
faifir d’abord, a été l’écueil de ces mêmes,
-efprits,quand ils ont voulu en rendre raifon. Ils
ont cru pouvoir faire tout avec la matière, le
■ mouvement & les figures particulières des élé—
mens ;de la matière : mais ce qui paroit fi fimple
dans/le cabinet, efl bien différènt quand on
■ fe place-à côté de la Nature. On a cru qu’il
fuffifoit.de joindre à tout cela une fermentation,
la combinaifon des acides &. des a lk a lis& '1 on
' a été encore plus loin de; la -Nature qu’on a voit
cru vaincre à force d’imagination.
: 'C’efl de cette manière que les Cartéfiens;étudièrent
les plantes :• car les Anciens ne fe font
point occupés' de la Pbyfiologie végétale. Ce
ii’efl même qu’à la fin du fiècle dernier que 1 on
commença d’étudier les végétaux comme ils de-;
vroiént l’êtrè toujours. Malpighi & Grew firent
< dans-le m'ême-tems' cette 'belle fcience. Et les
moyens qu’ils ont employés font toujours ceux
qui promettent des fuccès.
L’obfervaribn feule efl le flambeau qui éclaira
■ leurs pas. Ils proferi virent cette fcience des mots,
qui ajourait des nouveaux voiles a ceux que la
'Nature avoit mis fur fes ouvrages. Et ils fubfti-
tuèrent à des phrafes infignifiantes, qiù obfcur-
ciffenr tout, cette fcience dès faits, qui répand
par-tout la lumière; Et comment pénétrerions-
nous les Opérations de la Nature , fi nous n em-
• ployons pas, èomme elle , les poids., les nombres,'
& les mefures ,. fi nous; ne la luivions pas>dans
les événemens quelle prépare', quelle amène,.
& fi nous ne la pourfuivions dans lès retraités,,
où elle femble fè cacher ?
1 C ’efl dans lés immortels ouvrages dè M. Bonnet)
que ' le Phyfiologifte des ? plantes apprendra la!
’ manière d’écrire leur liifloirc. Ceft-làqu on verra;
cè grand Obferyatèûr, auffi étonnant par la fagâ-
cité: des qùeftions qu’il adrefle à la Nature , qùoj
pàr logique des réponfes qu’il en fait tirer, fai-;
fir l’explication de plufieurs phénomènes fondamentaux
de la Phyfiologie végétale. C efl - là
qu’on le verra s’approchér, avec circpnfpeélion ,
des faits ob Leurs, lès éclairer au moyen cks faitsi
■ voifibs, qu’il connoît mieux, faifir l harmonie desr
faits, qu’il che rc ïieà fonder ,,avec,ceux quil aj
dévoilés, remarquer leurs diffonnances, fixer leur
place dans la chaîne de fes,raifonnements, fuf-
pendre fes dédiions quand la vérité ne lui paraît
pas aflez lumineufe , & s’arrêter lorfqiie les
faits qu’il étudie raflent1 dans ‘ les nuages qu’il
vouloit difliper. C’eff, en prenant pour modèle
les Confédérations fur les corps orgdnifés , qu’on
P I S
1 trouvera la marche que doit fùivre celui qui
veut faire une Phyfiologie végétale. C ’efl en prenant
plufieurs chapitras de ce beau livre & de la
Contemplatidn de la Nature , qu’on fera plufieurs
chapitres de cet ouvrage que je demande. C’eft
de même en étudiant les Recherches de M. Bonnet
fu r Vufage des feuilles , & les Obfervaüons
fur Vécorce des feuilles & des pétales, par M . De-
faufiiire, qu’on apprendra comment on peut
faire encore des découvertes capitales fur ces
objets difficiles , que le défefpoir des fuccès
fait malheuretifement abandonner.
PISTIL. Le Piftil, fuivant là définition ide
M. le Chevalier de la Marck, efl pour l’ordinaire
compofé de trois parties qui fo n t , Vovaire,
le fy le & le fiigmate. L'ovaire ou le germe , efl
la partie inférieure du Pifiil : il renferme, les embryons
des. femences avec les organes, qui fervent
à leur nutrition: cette . partie efl 'ordinairement
portée par lé réceptac'lè \ quelquefois
elle efl foutenùe parmi petit ii'édicuie particulier,
comme la fleur dé la paffion. Le fiyle efl
une efpèce de tuyau fiftuleux, plus ou moins
alongé , orGinairement grêle très-mince , porté
fur l ’ovaire , ou qui s’infère quelquefois à fon
• Côté pir à fa bafe. Le fiiginate efl la partie fu -
périeure du Piftil : il a différentes formes : il
rëpofe, bu fur le flyle ou immédiatement fur
l’ovaire , quand il n y a point dé flyle. M. de,1la
Marck fait, à Cet égard, une remarque:générale ,
qui mérite de l’?.ttenuon ; parmi fes différentes
efpècts de fuppôrts q'ue nous avons confidérés
julquës ici, fâvoir la'tige , le pétiole & le pédoncule.,
auxquels il faut ajouter le filet & le. fiyle,
il n’en efl aucun dont l’exiftence foit universelle!
M. Duhamel peint le Piflil de la fleur de
l’airandier, évafé par fon extrémité ftipérieure,
de manière qu’il offre la figure du pavillon d’un
corps-dé-chaffe : il paraît grenu en cet endroit,
& il femble formé par un corps glanduleux, ou
par des veffies remplies d’un fiic vifqueux : voilà
le fiigmate. Depuis certe partie jufqiies ala partie
la plus baffe do la fleur , pn trouvé un filet
appelé flyle , qui aboutit'à,un renflement, où
eïfle gbrine qui s’annoncé par le rioyau & l’a -
mandV, cette partie Jeflentiëlle .des fruits. On
trouve des Pifiüs dont le flygmate femlile
y élu : clans d’autres, il efl velouté : quelquefois
!icès petits fjlaniens font 'difpofés en, ; .panaches
'& ’en aigrettes.- Mais 8 faut l’obfèrvèr.“rCes poils
' feinblent fiftuleux.
, ‘ Le même Auteur nous apprend que le poirier-
oü lé pommier, dont les fruits renferment cinq
loges pour contenir les pépins. Offre cinq filets
avec leursrftigmates correfpondans aux cinq loges
dé Cës pépins *, ou p l u t ô t o n découvre dans
chaque, fleur cinq Piflils. Et foiiv.ènt quelque foit
le nombre dès. graines renfermées (jansùne niêmq
"en veloppe, & 'produite par là même fleur. Il y