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les .gonfler; qu'elles ne peuvent pas toujours
remplacer, par l’Eau qu’elles tirent de la terre,
l ’Eau que le foleil leur enlève ; & qu’on leur
rend leur fraîcheur en les arrofant, parce qu’on
leur rend 1 Eau qu elles avoient perdue • alors
elles reprennent leur première forme , les feuilles
ne font plus pendantes & fans refl'orts, tous
leurs vaifleaux font gonflés, & la plante a trouvé
toute fa vigueur en reprenant les fucs aqueux
qui lui font néceflaires.
L ’analyfe chymique nous apprend que l’Eau
entrée dahs les plantes fait les trois cinquièmes,
& même les trois quarts de leurs poids : &, quand
on les étudie avec plus de foin , on voit bientôt
que l’Eau charie l’aliment qui développe le
végétal, & qu’elle efl même une partie de la
nourriture.
Les plantes élevées dans l’Eau pure , ou dans
la moufle, ou dans les éponges baignées d’Eau
dillillées, comme diverfes efpèces d’oignons, &
même comme des maronniers | des chênes ^es
fèves étoient pourtant bien vigoureufes •/ ces
plantes mifes en terre ont parfaitement repris
elles y ont végété comme les autres. *
Les plantes crûes dans i’Eaw feule ont donné,
par lanalyfe chymique , les mêmes 'produits
que des plantes femblables qui avoient végété
dans la terre ; elles ont fourni des parties folides.
Mais, comme je l’ai d i t , ces plantes ont reçu le-
bénéfice de la lumière , de l’Eau atmofphérique.
Voyei Lumière.
I l n’efl pas moins vrai que l’Eau qui fort
des plantes par l’évaporation , recueillie dans un
ballon, n’efl: j$as une Eau pure. Haies avoir
remarqué quelle fe putréfioit plus vite que l’autre
: & j’ai découvert les parties qu’elle renferme.
Voyei Transpiration.
Enfin , il efl certain que cette partie aqueufe
contenue dans les plantes en efl une partie intégrante
, qu’on en trouve par la diflillation dans
leurs parties les plus dures, & que -la végétation
n’auroit pu fe faire fans l’Eau qu’elles^ont
tirée.
Il efl bien vrai que l’Eau -diflillée fert à la
végétation des oignons de hyacinthes & de jonquilles
, comme M. Ingenhous l ’a obfervé dans
le U vol. de fes Expériences fur la végétation ;
jnais il faut reconnoître aufli que la végétation
y efl beaucoup moins prompte, & moins belle
que dans la terre ou dans l’Eau commune • &
« elle a lieu dans l’Eau diflillée, c’eft encore
très - vraifemblablement, parce qu’elle a diflout
quelques parties végétales qu’elle mouille.
5 Mais ce qui me fembleroit infinuer que l’Eau
n efl pas la feule caufe du- développement de
toutes les plantes, gj c’eft que les oignons comme
ceux de tulipe, qui font remplacés par un autre
©ignon , pendant que celui qui vient de fournir
r i i 1 , e détruit> ne croiflent pas dans l’Eau.
U lc ne leur donne pas fans doute une nourriture
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fuffifante poUf développer ce nouvel oignon;
Au lieu que les oignons de hyacinthes, qui ne fe
reproduisent pas de cette manière , fleuriflent ;
mais, à la vérité , ils ne produifent aucun cayeu.
Il paroîtroit donc que ces plantes vivent prefque
dans l’Eau à leurs propres dépens, comme ces
plantes qui végètent fur une table, qui y pouffent,
s!alongent , mais dont le poids diminue continuellement.
En examinant les chofes avec une plus grande
attention , on voit d’abord que les plantes fournirent,
par l’analyfe, de l’E au, des parties folié
e s , des fels, des réfines, de» gommes, de la
terre , &c. il faut donc que leur nourriture contienne
les élémens de ces corps, mais comme
1 Eau diflout quelques terres, quelques fels, l’air
fixe ; il efl vraifemblable que l’Eau efl le véhicule
de toutes ces matières.
Bergmanna bien prouvé dans le V .e Volume
de fes Opufcules, que la terre calcaire eftdiflbluble
dans l’Eau imprégnée d’air fixe, comme la mag-
néfie, la terre filiceufe , l’argille pure. Il efl très-
poflible que ces terres montent avec l’Eau dans
les vaifleaux des plantes, & quoique la quantité
de cette terre dilfoute.dans l’Eau foit très-petite
en apparence, la quantité des Eaux qui pàffcnt
au travers des plantes efl fi grande, qu’elle doit
-en laifler beaucoup. On n’en doutera pas quand
on faura que j’ai trouvé des terres & des fels dif-
fous dans les pleurs de la vigne -/mais ces terres
& x e s fels ne peuvent être que les fucs retirés
de la terre par la plante, ils ne peuvent y avoir
au moins fouffert que la plus petite élaboration
poflîble , puifque la vigne n’a point alors de feuilles.
J’ai fait la même obfervation pour l’Eau que
le foleil extrait des feuilles des plantes ; mais les
réfultats, qui font à-peu-près les mêmes dans la-
quantité des matières trouvées, offrent feulement
des rapports différents. Voyei Sève ,
T ranspiration.
L ’Eau préfente ainfi au végétal les parties des
corps parfaitement diffoutes-, elle les lui offre de
la manière la plus convenable pour leur combi-
naifon & pour faciliter le jeu des affinités qui
efl fans doute-la caufe de cette combinaifon.
Mais, en fuppofant que l’Eau ne produife pas-
cet effet, il efl clair qu’elle diflout les gommes,
les réfines , qu’elle peut les combiner avec les
alkalis, les unir ainfi aux huiles j délayer les humeurs
, fdvorifer leur tranfport dans l’arbre, &
leur union avec la partie folide de la plante
qu’elles doivent faire croître.
L ’Eau agit fur les végétaux de même que fur
les autres corps, comme élément & comme
mixte. Elle entre dans leur compofition , & elle'
y charie des corps qu’ils peuvent s’aflimiler avec
eux.^ Toutes les. parties des végétaux fourniffent
de 1 Eau à la diflillation, foit que cette Eau fe
(forme peut-être alors, foit quelle v foit rèelle-r
ment contenue.
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I l efl certain que l’Eau contribue à la fouplefîc
des plantes : celles qui en font privées fe caftent
facilement. „ ,
Il efl démontré que les feuilles, comme les racines,
font un moyen d’introduire 1 Eau dans les
plantes : & l’on ne peut en douter , puifque lorl-
ctuelles en tirent trop dans les années qui tont
humides, elles fouffrent de cette abondance,
elles prennent un accroiffemem trop prompt -, les
feuilles qui ne reçoivent pas alors pendant un
teins fumfant l’aétion de la lumière , & quicroif-
fent trop v ite , ne font pas aufli vertes que fi elles
avoient cru plus lentement ; elles prennent alors
une couleur plus ou moins jaune, elles font plus
élancées, & elles périffent plutôt.
Si l’on pèfe une plante fraîchement fanée &
qu’on la plonge dans 1 Eau par les racines, on
trouvera qu’elle pefera beaucoup plus quand elle
aura repris fa fraîcheur , quoiqu elle n aît pu
combiner avec' elle autre chofe que l’Eau dans
laquelle elle a ’été plongée. Enfin l’aflion de l’Eau
für lès plantes qui fouffrent par la féchereffe eft
tout-à-fait remarquable , & l’on ne peut douter
qu’elles ne foient alors gonflées par l’Eau qui y
monte j c a r , après avoir été courbées, fans reuort,
fans énergie, elles reprennent cette vie qu’elles
fembloient avoir perdue. Enfin il y a beaucoup
de plantes qui ne vivent que dans 1 Eau. J ai con-
fervé fous l’Eau à la lumière pendant un mois des
feuilles qui étoient fort en vie. Et M. -le Comte
«le Gouffier a vu développer deshyacintes & leurs
fleurs fousl’Eau. J ’ai répété cette expérience avec
le même fuccès ; & j’ai vu des boutons de maronniers
& de pommiers fe développer de même fous j
l ’Eau &/y vivre affez ibng-temsv
C ’.eft un fait certain que les Eaux pourriffantes
ne favorifent pas fa végétation : on y voit périr
les oignons qu’on y. - place, & les graines qu’on
voudrait y faire germer.
. Les Eaux aérées dont on fe fervirott pour af-
rofer les plantes favorifent-elles la végétation
M. Ingenhous dansée XI Volume defes Expériences
fur les végétaux, a fait quelques expériences
pour réfoudre cette queftion ; mais il paraît craindre
d’en tirer une conclufion : il efl vrai qu’il efl
toujours difficile & dangereux de conclure généralement
d’après quelques expériences particulières';
cependant il paroît croire, & je le crois
suffi, que les Eaux imprégnées d’air fixe doivent
faire végéter plus vigoureufement les plantes en
pleine terre. On ne peut en douter quand on
pènfe que l’Eau aérée porte dans les plantes la
partie terreufe qu’elle a diffoute ; quand on a
réfléchi fur la grande quantité d’air pur que l’Eau
aérée fait rendre aux plantes qui font expofées
au fo le il, comme je l’ai fait voir fouvent dans;
mes expériences. Enfin M. Ruckert a montré, par
des- expériences direéles , que l’Eau aérée favo-
rife la végétation des plantes qu’on arrofe avec
elle'; comme on peut le yoir dans les Anna-
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les le Chymic de M. Crtll 1788, .punie on-
fvtme.
Au refte, il efl fur, par mes expériences fur
les pleurs de la vigne , quellesconiiennent une
petite quantité d’air fixe: tout comme on en trouve
dans la rofée , fuivant les expériences que
M. le Comte de Morozzo & moi avons fait.
Un Anglois a obfervé que le bain feroit utile
aux plantes-, mais ce n eft que parce qu’il les
nétoye, & les délivre de la croûte de pouf-
fière, qui les couvre, & des plantes parafires qui
s’attachent à leurs troncs, à leurs branches. En
nétoyant les végétaux de cette manière, l’Eau
défpbftrue leurs vaifleaux excrétoires placés à
leur furface & facilite l’abforption & l’évaporation
des humeurs.
On a éprouvé que l’Eau de certains puits
fraîchement tirée ,nuifoitaux arrofements ; que
l’Eau de fource, qui vient de loin , eft meilleure ;
que l’Eau des étangs eft encore préférable -, mais
que les Eaux croupiflantes font mauvaifes, de
même que l’urine des animaux, & les Eaux
combinées avec beaucoup de'fumier frais. Cependant
li l’on mêle une petite quantité de ces
Eaux ou de ce fumier avec l’Eau pure, celle-
ci devient quelquefois meilleure pour arrofer.
Mais je n’entre pas dans ce détail relatif aux
arrofemens. J ’oblerverai feulement que les Eaux
chargées de parties terreufes , qui laifîent en
s’évaporant fur les feuilles un fédiment, leur
nuifent beaucoup en fermant leurs pores. Voye[
A rrosement dans le Volume J ard inage.
Quant aux Eaux dures qui font nuifibles, il
paroît, par lés belles expériences de M. Home ,
qu’elles font telles , parce qu’elles contiennent
pour l’ordinaire des fels neutres avec excès d’acide -,
que cet acide efl la caufe de leur qualité nui-
ftble -, & qu’on leur ôte cette qualité délétère,
en neutralifant cet excès d’acide par un alkali.
Les Eaux froides font périr les plantes, &
favorifent leur pourriture.
11 paroît très-vraifemblable que l’Eau fe dé-
eompofe dans les végétaux, & que la lumière
fav.orife cette décoinpcfition, comme M. Ber-
thollet le foupçonne ; alors l’air pur s’échappe
• en partie par le moyen des feuilles, le refie fert à
la formation des fels tartareux qu’on trouve dar/s
toutes les plantes, tandis que l’air inflammable
devient la bafe des huiles, fert à la formation
des alkalis volatils, &c. V o y e i L u m i è r e . Les
expériences de M. Lavoifier, qui montrent que
ces gas rendus par la diflillation des plantes,
font des gas formés pendant l’opération , rendent
l’idée de M. Berthollet bien probable.
ECAILLES. M. le Chevalier de la Marck,
définit les Ecailles des productions minces, très-
appladesj un peu coriaces & fouvent féches,
eu fearieufes qui forment l’enveloppe du bouton
J. à fleur , & à feuilles dans les arbres & dans les
| arbrifleaux. Voyei Bouton.