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une heure & demie la charge de 19^00 livres, & elle
a rompu après avoir plié de 3 pouces 2 lignes avant
que d’éclater, & de 8 pouces avant que de rompre
entièrement.
Enfin ayant mis à l’épreuve deux foiives de 12 pieds
de longueur, fiir 8 pouces d’équarriflage; la première qui
pefoit 397 livres, a fiipporté pendant deux heures cinq
minutes la charge de 23900 livres, & elle a rompu après
avoir plié de 3 pouces jufte avant que de rompre; la
féconde qui pefoit 39^ livres j , a fopporté pendant deux
heures quarante-neuf minutes la charge de 2 3 000 livres,
& elle a rompu après avoir plié de 2 pouces 1 1 lignes
avant que d’éclater, & 6 pouces 8 lignes avant que de
rompre entièrement.
Voilà toutes les expériences que j ’ai faites for des
pièces de 8 pouces d’équarriflage. J ’aurois defiré pouvoir
faire rompre des pièces de 9 , de 8 & de 7 pieds de longueur
& de cette mêmegroffeur de 8 pouces, mais cela
me fut impoffible, parce que je manquois des commodités
néceflaires, & qu’il m’auroit fallu des équipages bien plus
forts que ceux dont je me fois forvi, & for lefquels, comme
on vient de le vo ir, on mettoit près de 2 8 milliers en
équilibre; car je préfome qu’une pièce de 7 pieds de
longueur, for 8 pouces d’équarriffage auroit porté plus
de 4.5 milliers. On verra dans la fuite fi les conjeétures
que j’ai faites for la réfiftance du bois, pour des dimen-
fions que je n’ai pas éprouvées, font jufles ou non.
Tous les Auteurs qui ont écrit for la réfiftance des
folides
P a r t i e e x p é r im e n t a l e . 1 7 7
folides en général, & du bois en particulier, ont donné1,
comme fondamentale, la règle foivante : la réfiftance efi en
raifion inverfie de la longueur, en raifion direde de la largeur ,
if en raifion doublée de la hauteur. Cette règle eft celle de
Galilée, adoptée par tous les Mathématiciens, & elle feroit
vraie pour des folides qui foroient abfolument inflexibles,
& qui rompraient tout-à-coup, mais dans les folides élastiques
, tels que le bois , il eft aifé d’apercevoir que cette
règle doit être modifiée à plufieurs égards. M. Bernoulli a
fort bien obfèrvé que dans la rupture des corps élaftiques,
une partie des fibres s’alonge, tandis que l’autre partie fo
raccourcit, pour ainft dire, en refoulant for elle-même.
Voyez fon Mémoire, dans ceux de l ’Académie, année
170ƒ. On voit par les expériences précédentes, que dans
les pièces de même grofTçur, la règle de la réfiftance de
la raifon inverfe de la longueur, s’obferve d’autant moins
que les pièces font plus-courtes. Il en eft tout autrement
de la règle de la réfiftance' en raifon direéte de la largeur_
& du quarré de la hauteur, j ’ai calculé la Table fèptième
à deflein de m’aflurer de la variation de çette règle ; on
voit dans cette Table les réfoltats des expériences, &
au-deflous les produits que donne cette règle ; j ’ai pris
pour unités les' expériences faites for les pièces de 5
pouces d’équarriflage, parce que j’en ai fait un plus grand
nombre fur cette dimenfion que fur les autres. On peut
obferver dans cette T able, que plus les pièces font courtes
& plus la règle approche de la vérité, & que dans les plus
longues pièces, comme celles de 18 à 20 pieds , elle s'en
Supplément. Tome IL T