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ce qui eft néceffaire pour fondre ces mines avec fùccès ;
par exemple, la mine qui a fervi à la première expérience,
& qui contenoit un gros Égjj grains de fable calcaire, fur
3 gros 66 grains de fer en grain, & dont il s’étoit perdu
59 grains dans les lotions & la dilfolution, étoit par
conféquent mélangée d’environ un tiers de caftine ou
de matière calcaire, fur deux tiers de fer en grains. Cette
mine porte donc naturellement fa caftine, & on ne peut
que gâter la fonte fi on ajoute encore de la matière calcaire
pour la fondre. Il faut au contraire y mêler des matières
vitrefcibles, & choifir celles qui fe fondent le plus aifé-
ment ; en mettant un quinzième ou même un fèizième de
terre vitre/cibie, qu’on appelle aubuë, j ’ai fondu cette mine
avec un grand fùccès, & elle m’a donné d’excellent fer,
tandis qu’en la fondant avec une addition de caftine,
comme c’ étoit l ’ufàge dans le pays avant moi, elle ne
produifoit qu’une mauvaife fonte qui caffoit par fbn propre
poids fur les rouleaux en la conduifant à l ’affinerie. Ainfi
toutes les fois qu’une mine deferfè trouve naturellement
furchargée d’une grande quantité de matières calcaires,
il faut, au lieu de caftine, employer de l’aubuë pour la
fondre avec avantage. On doit préférer cette terre aubuë
à toutes les autres matières vitrefcibles, parce qu’elle
fond plus aifément que le caillou, le fable criftallin &les
autres matières du genre vitrifiable, qui pourroient faire
le même effet, mais qui exigeroient plus de charbon pour
fe fondre. D ’ailleurs cette terre aubuë fe trouve prefque
par-tout, & eft la terre la plus commune dans nos
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 6 i
campagnes. En fe fondant elle faifit les fablons calcaires,
les pénètre, les ramollit & les fait couler avec elle plus
promptement, que ne pourroit faire le petit caillou ou
le fable vitrefcible, auxquels il faut beaucoup plus de feu
pour les fondre.
On eft dans l’erreur Jorfqu’on croit que la mine de
fer ne peut fe fondre fans caftine. On peut la fondre,
non - feulement fans caftine, mais même fans aubuë &
fans aucun autre fondant lorfqu’elle eft nette & pure ; mais
il eft vrai qu’alors il fe brûle une quantité affez confidé-
rable de mine qui tombe en mauvais laitier & qui diminue
le produit de la fonte ; il s’agit donc pour fondre le plus
avantageufement qu’il eft poffible, de trouver d’abord
quel eft le fondant qui convient à la mine „ & enfuite
dans quelle proportion il faut lui donner ce fondant
pour qu’elle fe convertiffe entièrement en fonte de fer,
.& qu’elle ne brûle pas avant d’entrer en fufion. Si la
mine eft mêlée d’un tiers ou d’un quart de matières
.vitrefcibles, & qu’il ne s’y trouve aucune matière calcaire,
alors un demi-tiers ou un demi-quart de matières calcaires,
fuffira pour la fondre ; & fi au contraire elle fe trouve
naturellement mélangée d’un tiers ou d’un quart de fable
ou de graviers calcaires, un quinzième ou un dix-huitième
d ’aubuë fuffira pour la faire couler & la préferver de
l ’action trop fubite du feu qui ne manqueroit pas de la
brûler en partie. On pèche prefque par-tout par l’excès
de caftine qu’on met dans les fourneaux ; il y a même
des maîtres de cet art affez peu inftruits, pour mettre
de la caftine & de l ’aubuë tout enfemble ou féparément ■>