7 2 Histoire Naturelle.
chaque grain de nos mines, dont on ne peut pas eftimer
au jufte, ni même à peu-près le rapport avec le volume
total du grain. Et l ’épreuve chimique que M. Sage a
faite, à ma prière, d’un morceau de mine de fer cubique,
fèmblable à celui de Sibérie, que mes tireurs dé mine ont
trouvé dans le territoire de Montbard, femble confirmer
mon opinion. M. Sage n’en ayant tiré que cinquante
pour cent (g) ; cette mine eft toute différente de nos mines
en grain, le fer y étant contenu en malfes de figure
cubique, au lieu que tous nos grains font toujours plus ou
moins arrondis, & que quand ils forment une maffe, ils
ne font pour ainfi dire qu’aglutinés par un ciment terreux
facile à divifèr ; au lieu que dans cette mine cubique, ainfi
que dans toutes les autres vraies mines en roche, le fer
(g) Cette mine eft brune , fait
feu avec le briquet, & eft minéra-
iifée par l’acide marin; on remarque
dans fa fratfture des petits points
briilans de pyrites martiales, dans
les fentes on trouve des cubes de
fer de deux lignes de diamètre,
dont les furfitces font ftriées, les-
firies font oppofées fuivant les
faces; ce earaétère fe remarque
dans les mines de fer de Sibérie,
cette mine eft abfolument fèmblable
à celles de ce pays, par la
couleur, la configuration des crif-
taux & les minéralifarions, elle en
diffère en ce qu’elle ne contient
point d’or.
Par la diftillation au fourneau de
réverbère, j’ai retiré de fix cents
grains de cette mine vingt gouttes
d’eau infipide & très-claire, j’avois
enduit d ’huile de tartre par défaillance
, Le récipient que j’avois
adapté à la cornue ; Ja diftillation
finie, jel’ai trouvé obfçurci par des
criftaux cubiques de fol fébrifuge
de Sylvius.
Le réfidu de la diftillation étoit
d’un rouge-pourpre, & avoit diminué
de dix livres par quintal.
J ’ai retiré de cette mine cinquante
- deux livres de fer par
quintal, il étoit très-duélile.
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Partie expérimentale. 7 3
eft intimément uni avec les autres matières qui compofent
leur malfe. J ’aurois bien defiré faire l’épreuve en grand
de cette mine cubique, mais on n’en a trouvé que quelques
petits morceaux difperfés çà & là dans les fouilles des
autres mines , & il m’a été impoiïible d’en raffembler affez
pour en faire l ’effai dans mes fourneaux.
Les effais en grand des différentes mines de fer, font
plus difficiles & demandent plus d’attention qu’on- ne
l ’imagineroit. Lorfqu’on veut fondre une nouvelle mine,'
& en comparer au jufte le produit avec celui des mines
dont on ufoit précédemment, il faut prendre le temps où
le fourneau eft en plein exercice, & s’il confomme dix
mefores de mine par charge, ne lui en donner que fopt
ou huit de la noùvelie mine; il m’eft arrivé d’avoir fort
embarraffé mon fourneau faute d’avoir pris cette précaution,
parce qu’une mine dont on n’a point encore ufé,
peut exiger plus de charbon qu’une autre, ou plus ou
moins de vent, plus ou moins de caftine, & pour ne rien
rifquer il faut commencer par une moindre quantité, &
charger ainfi jufqu’à la première coulée. Le produit de cette
première coulée eft une fonte mélangée environ par moitié
de la mine ancienne & de la nouvelle; & ce n’eft qu’à
la féconde, & quelquefois même à la troifième coulée
que l’on a fans mélange la fonte produite par la nouvelle
mine; fi la fufion s’en fait avec fuccès, c ’eft - à - dire fans
embarraffer le fourneau, & fi les charges defcendent
promptement, on augmentera la quantité de mine par
demi-mefitre, non pas de charge en charge, mais feulement
Supplément. Tome IL K