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eonfidérabies dans ces endroits que dans les autres,
que parce que le vent & le foleil ne pouvant diflîper la
tranfpiration de la terre & des plantes, il y relie une
humidité confidérable, qui, comme nous l ’avons dit,
caufe un très-grand préjudice aux plantes.
Auffi remarque-t-on que la gelée n’eft jamais plus
à craindre pour la vigne, les fleurs, les bourgeons des
arbres, &c. que lorfqu’elle liiccède à des brouillards,
ou même à une pluie, quelque légère qu’elle foit ;
toutes ces plantes fopportent des froids très- eonfidérabies
fans en être endommagées lorfqu’il y a quelque temps
qu’il n ’a plu, & que la terre efl fort sèche, comme
nous l’avons encore éprouvé ce printemps dernier.
C ’ eft principalement pour cette même raifem flue
gelée agit plus puiffamment dans les endroits qu’on a
fraîchement labourés qu’ailleurs, & cela parce que les
vapeurs qui s’élèvent continuellement de la terre, tranf-
pirent plus librement & plus abondamment des terres
nouvellement labourées que des autres ; il faut néanmoins
ajouter à cette raifon, que les plantes fraîchement labourées
, pouffent plus vigoureufement que les autres,
ce qui les rend plus fenfibles aux effets de la gelée.
D e même, nous avons remarqué que dans les terreins
légers & fàblonneux, la gelée fait plus de dégâts qye dans
les terres fortes, en les foppofent également sèches, fans
doute parce qu’ils font plus hâtifs, & encore plus parce
qu’il s’échappe plus d’exhalaifons de ces fortes de terres
que des autres, comme nous le prouverons ailleurs ; &
fi une vigne nouvellement fumée efl plus fojette à être
endommagée de la gelée qu’une autre, n’eft-ce pas à
caufe de l ’humidîté qui s’échappe des fumiers
Un fillbn de vigne qui eft le long d’un champ de
feinfoin ou de pois , &c. eft fouvent tout perdu de la
gelée, lorfque le refte de la vigne eft très-fain, ce qui
doit certainement être attribué à la tranfpiration du fern-
fbin ou des autres plantes qui portent- une humidité fiir
les pouffes de la vigne,
Auffi dans la vigne les verges qui font de long fermant
qu’on ménage en taillant, font-elles toujours moins endommagées
que la fouche, fur-tout quand n’étant pas
attachées à l’éehalas, elles font agitées par le vent qur
ne tarde pas de les deffécher.
La même chofe fe remarque dans les bois, & j ’ai
fouvent vu dans les taillis tous les bourgeons latéraux
d’une fouche entièrement gâtés par la gelée, pendant
que les rejetons fupérieurs n’avoient pas fouffèrt, mais
M. de Buffon a fait cette même obfervation avec plus
d’exaélitude ; il lui a toujours paru que la gelée faifoit
plus de tort à un pied de terre qu’a deux, à deux qu’à
trois, de forte qu’il feut qu’elle foit bien violente pour
gâter les bourgeons au-deffus de quatre pieds.
Toutes ces- obfervations qu’on peut regarder comme
très-confiantes, s’accordent donc à prouver que le plus
fouvent ce n’eft pas le grand froid qui endommage les'
plantes chargées d’humidité , ce qui explique à merveille
pourquoi elle fait tant de défordres à l ’expofition du midi,
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