526 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
néanmoins la puiffance de les vivifier ni même celle
d ’y entretenir la végétation & la vie.
Mercure, qui de tous les corps circulans autour du
Soleil, en eft le plus voifin, n’en reçoit néanmoins qu’une
chaleur -y- fois plus grande que celle que la Terre en
reçoit, & cette chaleur-y fois plus grande que la chaleur
envoyée du Soleil à la Terre, bien loin d’être bridante
comme on l’a toujours cru, ne feroit pas allez grande
pour maintenir la pleine vigueur de la Nature vivante , car
la chaleur aétuelle du Soleil fur la T erre n’ étant que de
celle de la chaleur propre du globe terreftre, celle du
Soleil fur Mercure eft par confequent ou -g- de la
chaleur aétuelle de la Terre. Or fi l’on diminuoit des trois
quarts & demi la chaleur qui fait aujourd’hui la température
de la Terre , il eft fur que la Nature vivante feroit
au moins bien engourdie, foppofe qu’elle ne fût pas
éteinte. Et puifque le feu du Soleil ne peut pas feul
maintenir la Nature organifée dans la planète la plus
voifine, combien à plus forte raifbn ne s’en faut-il pas
qu’il puiffe vivifier celles qui en font plus éloignées !
il n’envoie à Vénus qu’une chaleur j x fois plus grande
que celle qu’il envoie à la T erre, & cette chaleur ■ j x
fois plus grande que celle du Soleil for la Terre, bien
loin d’être affez forte pour maintenir la Nature vivante,
ne foffiroit certainement pas pour entretenir la liquidité
des eaux, ni peut-être même la fluidité de l ’air, puifque
notre température aétuelle fe trouveroit refroidie à ^ ou
à [, ce qui eft tout près du terme y- que nous avons
donné comme la limjte extrême de la plus petite chaleur,
relativement à la Nature vivante. Et à l’égard de Mars,
de Jupiter, de Saturne & de tous leurs Satellites, la
quantité de chaleur que le Soleil leur envoie eft fi petite
en comparaifon de celle qui eft néceflaire au maintien
de la Nature, qu’on pourrait la regarder comme de nul
.effet, for-tout dans les deux plus grades planètes, qui
néanmoins paroiffent être les' objets effentiels du fyflème
folaire.
Toutes les planètes, fans même en excepter Mercure,
feroient donc & auraient toujours été des volumes auffi
grands qu’inutiles, d’une matière plus que brute, profondément
gelée, & par confequent des lieux inhabités de
tous les temps, inhabitables à jamais fi elles ne renfer-
moient pas au-dedans d’elles-mêmes des tréfors d’un feu
bien fopérieur à celui qu’elles reçoivent du Soleil. Cette
quantité de chaleur que notre globe pofsède en propre,
& qui eft 50 fois plus grande que la chaleur qui lui vient
du Soleil, eft en. effet le tréfor de la Nature, le vrai fonds
du feu qui nous anime, ainfi que tous les êtres ; c ’eft
cette chaleur intérieure de la Terre qui fait tout germer,
tout éclore; c ’eft elle qui conftitue l’élément du feu,
proprement dit, élément qui feul donne le mouvement
aux autres élémcn-s, & qui, s’il étoit réduit à - i , ne
pourrait vaincre leur réfiflance, & tomberait lui-même
dans l ’inertie ; or cet élément, le feul actif, le feul qui