du bois font affez aifés à voir, mais il eft difficile de juger
de leur effet par rapport à la force d’une pièce, il eft fur
qu’ils la diminuent beaucoup, & j’ai trouvé un moyen
d’eftimer à peu-près la diminution de force caufée par
un noeud. On fait qu’un noeud eft une efpèce de cheville
adhérente à l’intérieur du bois , on peut même connoître
à peu-près par le nombre des cercles annuels qu’il contient,
la profondeur à laquelle il pénètre ; j ’ai fait faire des trous
en forme de cône & de même profondeur dans des pièces
qui étoient fans noeuds, & j’ai rempli ces trous avec des
chevilles de même figure; j’ai fait rompre ces pièces, &
j ’ai reconnu par-là combien les noeuds ôtent de force au
bois, ce qui eft beaucoup au-delà de ce qu’on pourrait
imaginer : un noeud qui fe trouvera ou une cheville qu’on
mettra à la face inférieure, & fur-tout à l ’une des arêtes,
diminue quelquefois d’un quart la force de la pièce. J ’ai
auffi effayé de reconnoître-, par plufieurs expériences, la
diminution de force caufée par le fil tranché du bois. Je
fuis obligé de fupprimer les réfultats de ces épreuves qui
demandent beaucoup de détail ; qu’il me foit permis
cependant de rapporter un fait qui paraîtra fingulier,
c ’eft qu’ayant fait rompre des pièces courbes, telles
qu’on les emploie pour la conftruétion des vaiffeaux,
des dômes, &c. j ’ai trouvé qu’elles réfiftent davantage
en oppofànt à la charge le côté concave ; on imaginerait
d’abord le contraire, & on penfèroit qu’en oppofànt le
côté convexe, comme la pièce fait voûte, elle devrait
réfifter davantage ; cela ferait vrai pour une pièce dont
les
Part i e e x p é r ime n t a l e . 129
les fibres longitudinales feroiént courbes naturellement,
c ’eft-à-dire, pour une pièce courbe, dont le fil du bois
feroit continu & non tranché ; mais comme les pièces
courbes dont je me fuis fèrvi, & prefque toutes celles
dont on fè fort dans les conftruétions, font prifos dans
un arbre qui a de l ’épaiffeur, la partie intérieure de ces
couches eft beaucoup plus tranchée que la partie extérieure,
&par conféquent elleréfifte moins, comme je l’ai
trouvé par mes expériences.
Il fembleroit que des épreuves faites avec tant d’appareil
& en fi grand nombre, ne devraient rien laiffer à defirer,
fur-tout dans une matière auffi fimple que celle-ci ; cependant
je dois convenir, & je l ’avouerai volontiers, qu’il
refte encore bien des chofes à trouver; je n’en citerai que
quelques-unes. On ne connoît pas le rapport de la force
de la cohérence longitudinale du bois à la force de fon
union tranfverfàle, c ’eft-à-dire, quelle force il faut pour
rompre, & quelle force il faut pour fendre une pièce. On
ne connoît pas la réfiftance du bois dans des pofitions
différentes de celle que fiippofont mes expériences,
pofitions cependant affez ordinaires dans les bâtimens, &
fur lefquelles il forait très - important d’avoir des règles
certaines ; je veux parler de la force des bois debout,
des bois inclinés, des. bois retenus par une feule de leurs
extrémités, &c. Mais en partant des réfoltats de mon
travail, on pourra parvenir aifément à ces connoiffances
qui nous manquent. Paffons maintenant au détail de mes
expériences.
Supplément. Tome IL R