p.° Que le deflechement total des bois, eft proportionnel
à leur légèreté, en forte que l ’aubier fe defsèche
plus que le coeur de chêne, dans la railon de fà denfite
relative, qui eft à peu-près -de ~ moindre que celle du
coeur :
1 o.° Que quand le bois eft entièrement defleché à
l'ombre, là quantité dont on peut encore le deflecher en
l ’expofant au Soleil ,• & enfiiite dans un four échauffé a 47
degrés, ne fera guère que d’une dix - feptième ou dix-
huitième partie du poids total du bois , & que par confé-
quent ce deflechement artificiel eft coûteux & inutile :
i i ,° Que les bois fecs&. légers, lorfqu’ils font plongés
dans l ’eau, s’en rempliflent en très-peu de temps ; qu’il
ne faut, par exemple, qu’un jour a un petit morceau
d’aubier pour fe remplir d’eau, au lieu qu’il faut vingt
jours à un pareil morceau de coeur de chêne:
1 2.0 Que le bois de coeur de chêne, n’augmente que
d’une douzième partie de fon poids total, lor/qu o n ia
plongé dans l’eau au moment qu’on vient de le couper,
& qu’il faut même un très-long temps pour qu’il augmente
de cette douzième partie en pelanteur :
13.° Que le bois plongé dans l’eau douce, la tire
plus promptement & plus abondamment que le boi$
plongé dans l’eau falée, ne tire l’eau falée:
14.0 Que le bois plongé dans l’eau, s’imbibe bien
plus promptement qu’il ne fe defsèche à l’air, puifqu’il
n’a fallu que douze jours aux morceaux des deux premières
expériences, pour reprendre dans l ’eau la moitié de
toute
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 249
toute l ’humidité qu’ils avoient perdue par le deflechement
en fèpt ans ; & qu’en vingt-deux mois ils fe font chargés
d’autant d’humidité qu’ils en avoient jamais eu; en forte
qu’au bout de ces vingt-deux mois de féjour dans l’eau,
ils pefoient autant que quand on les avoit coupé douze
ans auparavant :
i^.° Enfin, que quand les bois font entièrement
remplis d ’eau, ils éprouvent au fond de l’eau des variations
relatives Scelles de l’atmolphère, & qui fe reconnoiflent
à la variation de leur pefanteur ; & quoiqu’on ne fâche
pas bien à quoi correipondent ces variations, on voit
cependant en général que le bois plongé dans l ’eau, eft
plus humide lorfque l’air eft humide, & moins humide
lorfque l’air eft fec, puifqu’il pèfe conftamment plus dans
les temps de pluie que dans les beaux temps.
A R T I C L E III.
Sur la confervation i f le rétablijjement des forêts.
L e bois qui étoit autrefois très-commun en France,
maintenant fuffit à peine aux ufages indifpenfables, & nous
fommes menacés pour l’avenir d’en manquer abfoiument;
ce feroit une vraie perte pour l ’État, d’être obligé d avoir
recours à fos voifins, & de tirer de chez eux a grands
frais ce que nos foins, & quelque légère économie
peuvent nous procurer. Mais il faut s’y prendre a temps,
il faut commencer dès aujourd’hui ; car fi notre indolence
dure, fi l’envie preflante que nous avons de jouir,
continue à augmenter notre indifférence pour la polterite;
Supplément. Tome IL • I i