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 les  caufes  de  la  viciffitude  des faifons-  dans  les  différens  
 climats.  Ces  caufes  peuvent  fe  réduire  à  quatre  principales, 
   favoir;  i.°  l’inciinaifon  fous  laquelle  tombe  la  
 lumière  du  foleil  fùivant  les  différentes  hauteurs  de  cet  
 aftre  fur  l’horizon;  z.°  l’intenfité  de  la  lumière,  plus  ou  
 moins grande,  à mefure que fon paffage dans f  atmofphère  
 eft  plus  ou moins  oblique ;  3,0 la différente  diflance  de  la  
 Terre  au  Soleil  en  été  &  en  hiver ;  4.0  l ’inégalité  de  la  
 longueur des jours  dans  les  climats  différens.  Et  en partant  
 du  principe  que  la quantité  de  la  chaleur  eft  proportionnelle  
 à  l ’adion  delà  lumière,  onfe  démontrera  aifément  
 à foi-même,  que ces  quatre  caufes  réunies,  combinées,  &  
 comparées,  diminuent pour notre  climat  cette aéfion  de la  
 chaleur  du Soleil ,  dans un  rapport  d’environ  66  à  1  du  
 folftice d’été au folftice d’hiver.  Et en fuppofant l’affoiblif-  
 fement  de  faction  de  la  lumière  par  ces  quatre  caufes,  
 c ’eft-à-dire,  1 .° par  la moindre  afeenfion  ou  élévation du  
 Soleil  à  midi  du folftice  d’hiver,  en  comparaifon  de  fon  
 afeenfion  à midi  du folftice d’été ;  2,° par la diminution de  
 l ’intenfité  de la lumière qui  traverfe  plus  obliquement l’atmofphère  
 au folftice  d’hiver  qu’au  folftice  d’été;  3.° par  
 la  plus  grande  proximité  de  la  Terre  au  Soleil  en  hiver  
 qu’en  été ;  4.0  par  la  diminution  de  la  continuité  de  la  
 chaleur ,  produite  par la moindre  durée  du jour  ou  par  la  
 plus  longue  abfence  du  Soleil  au  folftice  d’hiver,  qui,  
 dans  notre  climat,  eft  à  peu-près  double  de  celle  du  
 folftice d’été ;  on  ne  pourra pas  douter  que  la. différence  
 ne  foit  en  effet  très-grande  &  environ  de  66  à  1  dans 
 notre 
 notre climat,  &  cette vérité de théorie peut  être  regardée  
 comme  aufti  certaine  que  la  féconde vérité  qui  eft  d’expérience, 
   &  qui  nous  démontre,  par  les  obfervations  du  
 thermomètre  expofé  immédiatement  aux  rayons  du Soleil  
 en hiver  &  en' été,  que  la  différence  de  la  chaleur  réelle  
 dans  ces  deux  temps,  n’eft  néanmoins  tout  au  plus  que  
 de  y   à  6 ;  je  dis  tout  au  plus,  car  cette  détermination  
 donnée  par  M.  Amontons,  n’eft  pas  à  beaucoup  près  
 aufti  exacte  que  celle  qui  a  été  faite par M.  de Mairan,  
 d ’après  un  grand  nombre  d’obfervations  ultérieures,  par  
 lefquelles  il  prouve  que  ce  rapport  eft  :  :  3 2  :  31.  Que  
 doit  donc  indiquer  cette  prodigieufe  inégalité  entre  ces  
 deux  rapports  de  i’aétion  de  la  chaleur  fblaire  en  été  &  
 en  hiver,  qui  eft  d e -66  à  1  ,  &  de  celui  de  la  chaleur  
 réelle  qui  n’eft  que  de  32  à  31  de  l’été  à  l’hiverî  
 N ’eft-il pas  évident  que la chaleur  propre  du  globe  de  la  
 Terre  eft  nombre  de  fois  plus  grande  que  celle  qui  lui  
 vient  du  Soleil !  il paraît  en  effet  que  dans  le  climat  de  
 Paris,  cette  chaleur  de  la  Terre  eft  29  fois  plus  grande  
 en  été,  &  491  fois  plus  grande  en  hiver  que  celle  du  
 Soleil,  comme  fa-déterminé  M.  de  Mairan.  Mais  j ’ai  
 déjà  averti  qu’on  ne  devoit  pas  conclure  de  ces  deux  
 rapports  combinés  ,  le  rapport  réel  de  la  chaleur  du  
 globe  de  la Terre  à  celle  qui  lui  vient  du  Soleil,  &  j’ ai  
 donné  les raifons qui  m’ont décidé  à fuppofer qu’on  peut  
 eftimer  cette  chaleur  du  Soleil  cinquante  fois  moindre  
 que  la  chaleur  qui  émane  de  la  T  erre. 
 II  nous  refte  maintenant  à  rendre  compte  des  obfèr-  
 Supplément.  Tome IL   A  a a a