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détachent de l ’arbre, & celles qui relient ont peine à
parvenir à une maturité. J ’ai même un efpalier de pêchers
à l’expolition du couchant, un peu déclinante au nord,
qui ne donne prefque pas de fruit, quoique les arbres y
foient plus beaux qu’aux expofitions du midi & du nord.
Ainli on ne pourroit éviter les inconvéniens qu’on
peut reprocher à l’expofition du midi a 1 egard de la
gelée làns tomber dans d’autres plus fâcheux.
Mais tous les arbres délicats, comme les figuiers ,
les lauriers, &c. doivent être mis au midi., ayant loin,
comme l ’oit fait ordinairement, de les couvrir ; nous
remarquerons feulement que le fumier foc ell préférable
pour cela à la paille, qui ne couvre jamais fi exactement,
& dans laquelle il relie toujours- un peu de grain qui
attire les. mulots & les rats qui- mangent quelquefois
l’écorce des arbres pour le délaltérer dans le temps de
la gelée où ils ne trouvent point d’eau à boire, ni d’herbe
à paître, c ’eft ce qui. nous ell arrivé deux a trois fois ;
mais quand on fe lèrt de fumier il faut qu’il foit lèc ,
fans quoi il s’échaufferoit & feroit moifir les jeunes
branches.
Toutes ces précautions font cependant bien inférieures
à ces elpaliers en niche ou en renfoncement, tels qu’on
en voit aujourd’hui au Jardin du R o i, les plantes font
de cette manière à l’abri de tous les vents, excepté
celui du midi qui ne leur peut nuire; le foleil qui
échauffe ces endroits pendant le jour, empêche que le
Éoid n’y foit fi violent pendant la nuit, & on peut avec
grande facilité mettre lur ces renfoncemens une légère
couverture qui tiendra les plantes qui y feront dans un
état de fécherelfe, infiniment propre à prévenir tous les
accidens que le verglas & les gelées du printemps auraient
pu produire, & la plupart des plantes ne fouffriront pas
d’être ainfi privées de l’humidité extérieure, parce qu’elles
ne tranlpirent prefque pas dans l’hiver, non plus qu’au
commencement du printemps, de forte que l ’humidité
de l ’air fuffit à leur befoin.
Mais puilque les rofées rendent les plantes fi fufcep»
tibles de la gelée du printemps, ne pourroit-on pas
eljîérer que les recherches que M.rs MulTchenbroeck &
du Fay ont fait fur cette matière, pourraient tourner au
profit de l ’Agriculture! car enfin puifqu’il y a des corps
qui femblent attirer la rofée, pendant qu’il y en a d’autres
qui la repoulfent ; fi on pouvoir peindre, enduire ou
crépir les murailles avec quelque matière qui repoulferoit
la rofée, il ell fur qu’on auroit lieu d’en efpérer un
fuccès plus heureux, que de la précaution que l ’on prend
de mettre une planche en manière de toit au-delfus
des elpaliers, ce qui ne doit guère diminuer l’abondance
de la rofée fur les arbres, puifque M. du Fay a prouvé
que fouvent elle ne tombe pas perpendiculairement
comme une pluie, mais quelle nage dans l’air, & qu’elle
s’attache aux corps qu’elle rencontre; de forte qu’il a
fouvent autant amalfé de rofée fous un toit que dans les
endroits entièrement découverts. Il nous feroit aifé de
reprendre toutes nos obferyations, & de continuer à en«