5 1 4 - H i s t o i r e N a t u r e l l e .
connoiffons, n’efl point encore née dans Jupiter, dont
la chaleur efl trop grande encore aujourd’hui pour
pouvoir en toucher la furfàce, & que ce ne fera que
dans 40 mille 79 1 ans que les êtres vivans pourroient y
fubfiller, mais qu’enfuite s’ils y étoient établis, ils dureraient
367 mille 498 ans dans cette greffe planete:
2.0 Que la Nature vivante,- telle que nous la connoif
fons , efl éteinte dans le cinquième Satellite de Saturne
depuis 27 mille 274. ans ; dans Mars depuis 14 mille
c06 ans, & dans la Lune depuis 2318 ans:
3.0 Que la Nature efl prête à s’éteindre dans le
quatrième Satellite de Saturne, puifqu’il n’y a plus que
1693 ans, pour arriver au point extrême de la plus petite
chaleur néceffaire au maintien des êtres organifés:
4.0 Que la Nature vivante efl foible dans le quatrième
Satellite de Jupiter, quoiqu’elle puiffe y fubfiller
encore pendant 23 mille 864 ans:
5.0 Que fur la planète de Mercure y fur la Terre,
fur le troifièrne, fur le fécond & fur le premier Satellite
de Saturne, fur la planète dë Vénus, fur l’Anneau de
Saturne, fur le troifièrne Satellite de Jupiter, fur la
planète de Saturne, fur le fécond & fur le premier
Satellite de Jupiter, la Nature vivante efl actuellement
en pleine exiflence, & que par conféquent tous ces
corps planétaires peuvent être peuplés comme le globe
terreflre.
Voilà mon réfultat général & le but auquel je me
propofois d’atteindre. On jugera par la peine que m’ont
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 515
donnée ces recherches ( a), & par le grand nombre
d’expériences préliminaires qu’elles exigeoient, combien
je dois être perfuadé de la probabilité de mon hypothèfè
fur la formation des planètes : Et pour qu’on ne me
croie pas perfuadé fans raifon, & même fans de très-
fortes raifons, je vais expofér dans le Mémoire füivant
les motifs de ma perfùafton , en préfentant les faits & les
analogies fur lefquelies j’ai fondé mes opinions, établi
l ’ordre de mes raifonnemens, fuivi les induélions que l ’on
en doit déduire, & enfin tiré IJ conféquence générale
de l ’exiflence réelle des' êtres organifés & fenfibles dans
tous les corps du fÿflème folaire, & l’exiflence plus que
probable de ces mêmes êtres dans tous les autres corps
qui compofent les fyflèmes des autres Soleils, ce qui
augmente & multiplie prefque à l’infini l’étendue de la
Nature vivante, & élève en même temps le plus grand
de tous les monumens à la gloire du Créateur.
(a) Les calculs que fuppofoient
ces recherches font plus longs que
difficiles, mais affez délicats pour
qu’on puiffe fe tromper. Je ne me
fuis pas piqué d’une exactitude
rigoureufe , parce qu’elle n’auroit
produit que de légères différences,
& qu’elle m’auroit pris beaucoup
de temps que je pouvois mieux employer.
Il m’a fuffi que la méthode
que j’ai fuivie fût exaCte, & que
mes raifonnemens fuflênt clairs &
conféquens, c’ell-là tout ce que
j’ai prétendu. Mon hypothèfè fur
la liquéfaction de la Terre & des
Planètes, nt’a paru affez fondée
pour prendre la peine d’en évaluer
les effets, & j’ai cru devoir donner
en détail ces évaluations comme je
les ai trouvées, afin que s’il s’elt
gliffé dans ce long travail quelques
fautes de calcul ou d’inattention,
mes leéteurs foient en état de les
corriger eux-mêmes.
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