5 56 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
jufque vers le Cercle polaire ( d ) ; à Madagafcar, aux
Ules de France & de Bourbon, à l’île Rodrigue, à
Siam, aux Indes orientales; à Alger, à Malte, à Cadix,
à Montpellier, à Lyon, à Amfterdam, à Varfovie, à
UpfaI, à Péterfbourg & jufqu’en Lapponie près du Cercle
polaire ; à Cayenne, au Pérou, à la Martinique, à Car-
thagène en Amérique & à Panama ; enfin dans tous les
climats des deux hémifphères & des deux continens
où l’on a pu faire des obfervations, on a conftamment
trouvé que la liqueur du thermomètre s’élevoit également
à 2 y , 26 ou 2y degrés dans les jours les#plus chauds
de l’été; & de-là réfulte le fait inconteftable de l’égalité
de la chaleur en été dans tous les climats de la Terre.
Il n’y a fur cela d’autres exceptions que celle du Sénégal,
& de quelques autres endroits où le thermomètre s’élève
y ou 6 degrés dé plus, c ’eft-à-dire, à 3 1 ou 32 degrés;
mais c ’eft par des caufes accidentelles & locales, qui
n’altèrent point la vérité des obfervations ni la certitude
de ce fait général, lequel feul pourrait encore nous démontrer
qu’il exifte réellement une très - grande chaleur
dans le globe terreftre, dont l ’effet ou les émanations font
à peu-près égales dans tous les points de fa furface, & que
le Soleil bien loin d’être la fphëre unique de la chaleur qui
anime la Nature,. n’en eft tout au plus que le régulateur.
C e fait important que nous confignons à la poflérité,
(d) Voyez fur cela les Mémoires de feu M.de Reaumur, dans ceux
de l’Académie, années 1 7 35 & 1 74 1 ; & auffi les Mémoires de
fèuM . de Mairan, dans ceux de l’année 1 7 6 j , page i i ÿ
ITTfl
lui fera reconnoître la progreffion réelle de la diminution
de la chaleur du globe terreftre, que nous n’avons pu
déterminer que d’une manière hypothétique ; on verra
dans quelques fiècles, que la .plus grande chaleur de l’été,
au lieu d’élever la liqueur du thermomètre à 26, ne
l ’éievera plus qu’à 25, à 24 ou au-defious, &-*on jugera
par cet effet, qui eft le réfultat de toutes les caufes
combinées, de la valeur de chacune des caufes particulières
qui produifent l’effet total de la chaleur à la
furface du globe; car indépendamment de la chaleur
qui appartient en propre à la Terre, & qu’elle pofsède
dès le temps de l’incandefcence, chaleur dont la quantité
eft très - considérablement diminuée, & continuera de
diminuer dans la fucceffion des temps ; indépendamment
de la chaleur qui nous vient du Soleil, qu’on peut
regarder comme confiante, & qui par conféquent fera
dans la fuite une plus grande compenfation qu’aujour-
d’hui à la perte de cette chaleur propre du globe; il
y a encore deux autres caufes particulières qui peuvent
ajouter une quantité confidérable de chaleur à l’effet
des deux premières, qui font les feules dont nous ayons
fait jufqu’ici l’évaluation.
L ’une de ces caufes particulières, provient en quelque
façon de la première caufe générale, & peut y ajouter
quelque chofe. Il eft certain que dans le temps de l’incandefcence,
& dans tous les fiècles fubféquens, jufqu’à
celui du refroidiffement de la T e r re , au point de pouvoir
la toucher, toutes les matières volatiles ne pouvoient
réfider à la furface ni même dans l’intérieur du globe :