Ainfi toute fluidité a la chaleur pour caufo ; & toute
dilatation dans les corps doit être regardée comme une
fluidité commençante ; or nous avons trouvé par l ’expérience
, que les temps du progrès de la chaleur dans les
corps, foit pour l ’entrée, foit pour la fortie, font toujours
en raifon de leur fluidité ou de leur fufihilité, & il doit
s’enfuivre que leurs dilatations relpeétives doivent être
en même raifon. Je n’ai pas eu befoin de tenter de nouvelles
expériences pour m’afiurer de la vérité de cette
conféquence générale ; M. Muflchenbroek en ayant lait
de très-exactes for la dilatation des differens métaux, j ’ai
comparé fos expériences avec les miennes, & j ’ai vu,
comme je m’y attendois, que les corps les plus lents à
recevoir & perdre la chaleur, font aufli ceux qui fo dilatent
Je moins promptement, & que ceux qui font les plus
prompts à s’échauffer & à fo refroidir, font ceux qui fo
dilatent le plus vite : en forte qu’à commencer par le for
qui eft le moins fluide de tous les corps, & finir par le
mercure qui eft le plus fluide , la dilatation dans toutes
les différentes matières, fo • fait en même raifon que le
progrès de la chaleur dans ces mêmes matières.
ferait pas ie premier degré de leur
état de fufion, ce 'qui néanmoins
paroît indubi able. L ’expérience
fur laquelle ils fondent leur opinion,
c’eft que le métal en fufion
{iipporte le même métal folide, &
qu’on le voit nager à la furface du
métal fondu ; mais je penfe que
cet effet ne vient que de la répul-
fion caufée par la chaleur, & ne
doit point être attribué à la pefan-
teur fpécifique plus grande du
métal en fufion; je fuis au contraire
très - perfuadé qu’elle eft moindre
que celle du métal folide.
Lorfque je dis que le fer eft le plus folide, c ’eft-à-dire,
le moins, fluide de tous les corps, je n’avance rien que
l ’expérience ne m’ait jufqu’à préfent démontré; cepen-r
dant il pourroit fo faire Ique la platine, comme je l ’ai
remarqué ci-devant, étant encore moins fiifibie que le
fer, la dilatation ÿ foroit moindre, & le progrès de la
chaleur plus lent que dans.le fer; maisqe n’ai pu avoir
de ce minéral qu’en grenaille-, & pour1 faire' l-foxpériéncé
de la fufihilité & la comparer a celle des autres métaux, il
faudroit en avoir une mafle d’un pouce de diamètre,
trouvée dans la mine même ; toute la platiné que. j’ai pu
trouver en mafle, a été fondue par l ’addition d’autres
matières, & n’eft pas affez pure pour qu’on puifle s’en
forvir à des expériences qu’on ne doit faire, que for des
matières pures & fimples ; & celle que j ’ai fait fondre moi-
même fans addition, étoit encore en trop petit yolume
pour pouvoir la comparer exactement.
C e qui me confirme dans cette idée, que la platine
pourroit être l ’extrême en non fluidité detoutesdes matières
connues, c’ eft la. quantité de. fer pur qu’elle 'contient,
puifqu’elle eft prefque toute attjjable par l’aimant ; ce
minéral, comme .-je l ’ai dit, pourroit donc bien n’être
qu’une matière férrugineufo plus condenfée & ljaécifique-
ment plus pelante que le fer ordinaire, intimement unie
avec une,.grande quantité d’or , ,& par confoquent étant,
moins fiifibie,que fo fer, recevoir encore plus difficilement
Ja chaleur.
D e même, lorfque je dis que le mercure eft le.plus