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l ’inégalité de l’épaiffeur de ces couches, fur les circonf-
tances qui font que l’aubier fe convertit plus tôt en bois ,
ou refte plus long-temps dans fon état d’aubier; cet
accueil, dis-je, nous a encouragés à donner également
toute notre attention à un autre point de cette phyfique
végétale, qui ne demandoit pas moins de recherches,
& qui n’a pas moins d utilité que le premier.
La gelée eft quelquefois fi forte pendant l’hiver,
qu’elle détruit prefque tous les végétaux, & la difette
de 1709 eft une époque de fes cruels effets.
Les grains périrent entièrement, quelques efpèces
d’arbres, comme les noyers, périrent auffi fans reffource;
d’autres, comme les oliviers & prefque tous les arbres
fruitiers furent moins maltraités , ils repoufsèrent de deffus
leur fouche, leurs racines n’ayant point été endommagées.
Enfin plufieurs grands arbres plus vigoureux, poufsèrent
au printemps prefque fur toutes leurs branches, & ne
parurent pas en avoir beaucoup fouffert. Nous ferons
cependant remarquer dans la fuite les dommages réels
& irréparables que cet hiver leur a caufés.
Une gelée qui nous privé des chofes les plus nécef-
faires à la vie, qui fait périr entièrement plufieurs efpèces
d’arbres utiles, & n’en laiffe prefque aucun qui ne fe
reffente de fa rigueur, eft certainement des plus redoutables
; ainfi nous avons tout à craindre des grandes
gelées qui viennent pendant l’hiver, & qui nous rédui-
roient aux dernières extrémités fi nous en reffentions
plus fouvent les effets, mais heureufement on ne peut
citer que deux à trois hivers qui, comme celui de l ’année
1709, aient produit une calamité f i générale.
Les plus grands défordres que caufent jamais les gelées
du printemps, ne portent pas à beaucoup près fur des
chofes auffi effentielles, quoiqu’elles endommagent les
grains, & principalement le fèigle lorfqu’il eft nouvellement
épié & en lait; on 11’a jamais vu que cela ait
produit de grandes difettes, elles n’affeélent pas les parties
les plus folides des arbres, leur tronc ni leurs branches,
mais elles détruifent totalement leurs productions, &
nous privent de récoltes de vins & de fruits, & par la
flippreffion des nouveaux bourgeons elles caufent un
dommage confidérable aux forêts.
Ainfi quoiqu’il y ait quelques exemples que la gelée
d’hiver nous ait réduits à manquer de pain, & à être
privés pendant plufieurs années d’une infinité de chofes
utiles que nous fourniffent les végétaux ; le dommage que
caufent les gelées du printemps, nous devient encore
plus important, parce qu’elles nous affligent beaucoup
plus fréquemment ; car comme il arrive prefque tous les
ans quelques gelées en cette fàifbn, il eft rare qu’elles
ne diminuent nos revenus.
A ne confidérer que les effets de la gelée, même
très-fuperficiellement, on aperçoit déjà que ceux que
produifent les fortes gelées d’hiver, font très - différens
de ceux qui font occafionnés par les gelées du printemps,
puifque les unes attaquent le corps même & les parties
les plus folides des arbres, au lieu que les autres détruifent