quatrième printemps ; mais tous ont péri à la troifième
ou dans cette quatrième année depuis i’enievèment de
leur écorce. J*ai e frayé la force du bois de ces arbres,
•elle m’a paru plus grande que celle des bois abattus à
l ’ordinaire ; mais la différence qui, dans les bois entièrement
écorcés eft de plus d’un quart | n’eft pas à beaucoup
près aufft confidérable ici, & même n’eft pas affez fènfibie
pour que je rapporte les épreuves que j’ai faites à ce fujet.
Et en effet ces arbres n’àvoient pas laiffé que de groffir
au-deffus de la ceinture ; ces bourrelets n’étoient qu’une
expanfion du liber qui s’étoit formé entre le bois &
l’écorce; ainfi la sève qui, dans les arbres entièrement
écorcés, fe trouvoit contrainte de fè fixer dans les pores
du bois & d’en augmenter la folidité, fliivit ici fa route
ordinaire, & ne dépofà qu’une petite partie de fa fùbftance
dans l’intérieur de l’arbre, le refie fut employé à la formation
de ce bois imparfait, dont les bourrelets fàifoient
l ’appendice & la nourriture de l’écorce, qui vécut aufîi
long-temps que l’arbre même ; au-deffous de la ceinture
l’écorce vécut auffi, mais il ne fe forma ni bourrelets ni
nouveau bois, l’aétion des feuilles & des parties fupé-
rieures de l ’arbre pompoit trop puiffamment la sève pour
qu’elle pût fe porter vers l’écorce de la partie inférieure :
& j’imagine que cette écorce du pied de l’arbre a plutôt
tiré fa nourriture de l ’humidité de l’air que de celle de
la sève que les vaiffeaux latéraux de l ’aubier pouvoient
lui fournir.
J ’ai fait les mêmes épreuves fur plufieurs efpèces
d’arbres fruitiers ; c’eft un moyen fur de bâter leur pro-
duétion ; ils fleuriffent quelquefois trois fèmaines avant
les autres, & donnent des fruits hâtifs & affez bons la
première année. J ’ai même eu des fruits fur un poirier-
dont j’avois enlevé, non-feulement l’écorce , mais même
tout l’aubier, & ces fruits prématurés étoient auffi bons
que les autres. J ’ai auffi fait écorcer du haut en bas de
gros pommiers & des pruniers vigoureux, cette opération
a fait mourir dès la première année les plus petits de ces
arbres, mais les gros ont quelquefois réfifté pendant deux
ou trois ans ; ils fe couvroient avant la fàifon d’une prodi-
gieufe quantité de fleurs, mais le fruit qui leur fuccédoit
ne venoit jamais en maturité, jamais même à une groffieur
confidérable. J ’ai aüffi effayé de rétablir l’écorce des
arbres qui ne leur eft que trop fouvent enlevée par différens
accidens, & je n’ai pas travaillé fans fùccès; mais cette
matière eft toute différente de celle que nous traitons ici,
& demande un détail particulier. Je me fuis fervi des idées
que ces expériences m’ont fait naître., pour mettre à fruit
des arbres gourmans & qui pouffoient trop vigoureufement
en bois. J ’ai fait le premier effai fur un coignaffier, le
3 avril j’ai enlevé en ipirale l’écorce de deux branches de
cet arbre ; ces deux feules branches donnèrent des fruits,
le refte de l’arbre pouffa trop vigoureufement & demeura
ftérile : au lieu d’enlever l’écorce, j’ai quelquefois ferré la
branche ou le tronc de l ’arbre avec une petite corde ou
de la filafle ; l’effet étoit le même, & j’avois le plaifir de
recueillir des fruits fur ces arbres ftériles depuis long-temps.