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la chaleur qui nous vient du Soleil ( f ) . Mais on tomberoit
dans l’erreur fi l’on vouloir tirer de l ’un ou de l’autre
de ces rapports ou même des deux pris enfemble, le
rapport réel de la chaleur propre du globe terreftre a
celle qui lui vient du Soleil, parce que ces rapports ne
donnent que les points de la plus grande chaleur de
l ’été & de la plus petite chaleur, ou ce qui eft la même
chofe, du plus grand froid en hiver, & qu’on ignore
tous les rapports intermédiaires des autres faifons de
l ’année. Néanmoins ce ne ferait que de la fournie de
tous ces rapports, foigneufement obfervés chaque jour,
& enfuite réunis, qu’on pourrait tirer la proportion réelle
de la chaleur du globe terreftre à celle qui lui vient du
Soleil. Mais nous pouvons arriver plus aifément à ce
même but, en prenant le climat de l’Equateur qui n’eft
pas fujet aux mêmes inconvéniens ; parce que les étés,
les hivers & toutes les faifons y étant à peu-près égales,
le rapport de la chaleur folaire à la chaleur terreftre y
eft confiant, & toujours de-^s, non-feulement fous la
ligne Équatoriale, mais à cinq degrés des deux côtés de
cette ligne (g)- On peut donc croifte d’après ces obfer-
vations, qu’en général la chaleur de la Terre eft encore
aujourd’hui cinquante fois plus grande que la chaleur
qui lui vient du Soleil. Cette addition ou compenfation
de ^ à la perte de la chaleur propre du globe, n’eft pas
( f ) Voyez la Table dreiîëe par M. de Mairan, Mémoires de
T Académie des Sciences, année 1765, page 143.
( g ) Voyez la Table citée ci-dclïus.
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fi confidérable qu’on aurait été porté à l ’imaginer. Mais
à mefure que le globe fe refroidira davantage, cette même
chaleur du’ Soleil, fera une plus forte compenfation &
deviendra de plus en plus néceflaire au maintien de la
Nature vivante ; comme, elle a été de moins en moins
utile à mefure qu’on remonte vers les premiers temps ;
car en prenant 74047 ans pour date de la formation de
la Terre & des planètes, il s’eft écoulé peut-être plus
de 3Î000 ans, où la chaleur du Soleil étoit de trop
pour nous, puifque la furface de notre globe étoit encore
fi chaude au bout de 33911 ans, qu’on n’auroit pu la
toucher.
Pour évaluer l ’effet total de cette compenfation qui
eft jg aujourd’hui, il faut chercher ce qu’elle a été précédemment
, à commencer du premier moment lorfque
la Terre étoit en incandefcence ; ce que nous trouverons
en comparant la chaleur a étudié du globe terreftre avec
celle qu’il avoit dans ce temps. Or nous favons par les
expériences de Newton, corrigées dans notre premier
Mémoire (h), que la chaleur du fer rouge qui eft à très-
peu près égale à celle du verre en incandefcence, eft
huit fois plus grande que la chaleur de l’eau bouillante,
& vingt-quatre fois plus grande que celle du Soleil en été.
Or cette chaleur du Soleil en été, à laquelle Newton a
comparé les autres chaleurs, eft compofée de la chaleur
propre de la Terre & de celle qui lui vient du Soleil en
(h) Premier Mémoire fur les progrès de la chaleur, partie expérimentale,
tome 1 , page 1 -fp.