^58 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
tirer des conféquences utiles à la pratique de l’Agriculture;
ce que nous avons dit, par exemple, aufujet de la vigne,
doit déterminer à arracher tous les arbres qui empêchent
le vent de diffiper les brouillards.
Euifqu’en labourant la terre on en fait fortir plus
d ’exhalaifons, il faut prêter plus d’attention à ne la pas
faire labourer dans les temps critiques.
On doit défendre expreffément qu’on ne feme fur
les filions de vigne, des plantes potagères qui, par leurs
tranfpirations, nuiroient à la vigne.
On ne mettra des échalas aux vignes que le plus
tard qu’on pourra.
On tiendra les haies qui bordent les vignes du côté
du nord, plus baffes que de tout autre côté.
On préférera à amender les.vignes avec des terreaux
plutôt que de les fumer.
Enfin fi on eft à portée de choifir un terrein, on
évitera ceux qui font dans des fonds, ou dans les terroirs
qui tranfpirent beaucoup.
Une partie de ces précautions peut aulfi être employée
très-utilement pour les arbres fruitiers, à l’égard,
par exemple, des plantes potagères, que les Jardiniers
font toujours empreffés de mettre aux pieds de leurs
buiffons, & encore plus le long de leurs efpaliers.
S ’il y a des parties hautes & d’autres baffes dans les
jardins, on pourra avoir l’attention de femer les plantes
printanières & délicates fur le haut, préférablement au
bas, à moins qu’on n’ait dcffein de les couvrir avec des
cloches, des chaffis, &c. car dans le cas où l ’humidité
ne peut nuire, il feroit fbuvent avantageux de choifir
les lieux bas pour être à l’abri du vent du nord & de
nord-oueft.
On peut auffi profiter de ce que nous avons dit à
l’avantage des forêts, car fi on a des réfèrves à faire,
ce ne fera jamais dans les endroits où la gelée caufe
tant de dommage.'
Si on feme un bois, on aura attention de mettre dans
les vallons des arbres qui foient plus- durs à la gelée que
le chêne.
Quand on fera des coupes çonfidérables, on mettra
dans les claufès du marché, qu’on les commencera
toujours du côté du nord, afin que. ce vent qui règne
ordinairement dans lès temps -des gelées, diffipe cette
humidité qui eft préjudiciable aux taillis. ,
Enfin f i , fans contrevenir aux Ordonnances, on peut
faire des réfèrves en lifières, au lieu de laiffer des baliveaux
qui, fans pouvoir jamafs faire de beaux arbres,
font à tous égards la perte des taillis, & particulièrement
dans l’occafion préfènte, en retenant fur les taillis cette
humidité qui eft fi fâcheufè dans les temps de gelée ;
on aura en même temps attention que la lifière de réferve
ne couvre pas le taillis du côté du nord.
Il y auroit encore bien d’autres conféquences utiles
qu’on pourroit tirer de nos obfèrvations, nous nous
contenterons cependant d’en avoir rapporté quelques-
unes, parce qu’on pourra fuppléer à ce que nous avons