4.0 H i s to i r e Na tu r e l l e .
mines de fer criftallifées par l ’eau , je ne parlera? que de
la fùfion des mines en grains ; d’autant que ces dernières
mines font celles qu’on exploite le plus communément
dans nos forges de France.
La première chofe que j ’ai trouvée, & qui me paroît
être une découverte utile,, c ’eft qu’avec une mine qui
donnoit le plus mauvais fer de la province de Bourgogne,,
j ’ai fait du fer aufli d u é lileau fli nerveux , aufli ferme que
les fers du Berri, qui font réputés les meilleurs de France.
Voici comment j’y fuis parvenu; le chemin que.j’ai tenu
eft bien plus long, mais perfonne avant moi n’ayant frayé
la route , on ne fera pas étonné que j’aie fait du circuit.
J ’ai pris le dernier jour d’un fondage, c ’eft-à-dire,
le jour où l’on alloit faire celfer le feu d’un fourneau à
fondre la mine de fer , qui durait depuis plus de quatre
mois. C e fourneau d’environ 20 pieds de hauteur & de
y pieds & demi de largeur à fà cuve, étoit bien échauffé,
& n’avoit été chargé que de cette mine qui avqit la fauffe
réputation de ne pouvoir donner que des fontes très-
blanches , très-caflantes , & par conféquent du, fer. à trèsr-
gros grain, fans nerf & fans duélilité. Comme j ’étois dans
l ’idée que la trop grande violence du feu ne peut qu’aigrir
le fe r , j ’employai ma méthode ordinaire, & que j’ai fùivie
conftamment dans toutes mes recherches fur la Nature,
qui confifle à voir les extrêmes avant de conftdérer les
milieux : je fis donc , non pas ralentir-, mais .enlever les
fouffîets, & ayant fait en même temps découvrir le toit
de la haie, je fubflituai aux foüffiets un'ventilateur fimple,
qui
Pa r t i e e x p é r ime n t a l e . 4.1
qui n’étoit qu’un cône creux, de 24 pieds de longueur,
fur 4 pieds de diamètre au gros bout, & 3 pouces feulement
à fà pointe , fur laquelle on adapta une bule de fer,
& qu’on plaça dans le trou de la tuyère ; en même temps
on çontinuoit à charger de charbon & de mine, comme
fi l ’on eut voulu continuer à couler ; les charges defcen-
doient bien plus lentement, parce que le feu n’étoit plus
animé par le vent des fouffîets g il l ’étoit feulement par un
courant d’air que le ventilateur droit d’en haut, & qui
étant plus frais & plus denfe que celui du voifinage de
la tuyère, arrivoit avec affez de vîteffe pour produire un
murmure confiant dans l ’intérieur du fourneau. Lorfque
j ’eus fait charger environ deux milliers de charbon, &
quatre milliers de mine, je fis difcontinuer pour ne pas
trop embarraffer le fourneau, & le ventilateur étant toujours
à la tuyère, je laiffai baiffer les charbons & la mine
fans remplir le vuide qu’ils laifloient au-deffus. A u bout
de quinze ou fèize heures , il fè forma des petites loupes,
dont on tira quelques-unes par le trou de la tuyère, &
quelques autres par l ’ouverture de la coulée, le feu dura
quatre jours de plus, avant que le charbon ne fût entièrement
confirmé, & dans cet intervalle de temps on tira
des loupes plus grades que les premières ; & après les
quatre jours on en trouva des plus greffes encore en
vuidant le fourneau.
Après avoir examiné ces loupes, qui me parurent être
d’une très-bonne étoffe, & dont la plupart portoient à
leur circonférence un grain fin, & tout femblable à celui
Supplément. Tome IL F