aucun nerf, & d’un grain affez gros, au/Ti différent de
celui de mes forges que le fer commun l’eft du bon fer.
En 17 70 , on m’envoya de la forge de Ruelle en
Angoumois, où l’on fond aétueHement la plus grande
partie de nos canons, des échantillons de la fonte dont
on les coule; cette fonte a la couleur grifè, le grain affez
fia & pèfe quatre cents quatre-vingt-quinze livres le pied
cube (d ); réduite en fer battu & forgé avec foin , j ’èn ai
trouvé le grain femblable à celui du fer commun & rie
prenant que peu ou point de nerf, quoique travaillé en
petites verges & paffé fbus le cylindre; en forte que cette
(d) Ces morceaux de fonte-
envoyés. du fourneau de Ruelle,
étoient de forme cubique de trois
pouces, fbibtes dans toutes leurs
dimenfions ; la premier marqué S ,
pefoit dans l’air y .livres 2 onces
4 gros I j c’eft-à-dire , 9 16 gros
Le même morceau pefoit' dans
l’eau 6 livres 2. onces 2 gros | ;
donc le volume d’eau égal au volume
de ce morceau de fonte pefoit
J 3 o gros. L ’eau dans laquelle il a
été pefé, pefoit elle-même 70 livres
lé pied cube. O r, 130 gros : 76
livres :: 91 6 gros i : 493 f - livres,
poids du pied cube de cette fonte.
Le fécond morceau marqué P ,
pefoit dans l’air *7. livres 4 onces
1 gros, c’éft-à-dire, 9 29 gros.
Le même morceau pefoit dans
l’eau 6 livrés 3 onces 6 gros , c’eft-
a-dirc,7 9 8 gros ; donc le volume
d’eau égal au volume de ce morceau
de fonte, pefoit 13 1 gros. O r ,
13 1 gros : 7 0 livres : : 92.9 gros
I 4 9 6 tyr livres, poids du pied
cube de cette fonte. On obfêrvera
que ces morceaux qu’on avoit
voulu couler fur les dimenfions
d’un cube de 3 pouces étoient trop
foibies. Ils auraient dû contenir
chacun.27 ponces .cubiques, & par
conféqupnt le pied cube du premier
ri’auroit péfé'que 45 8 livres
4 onces, car 27 pouces : 1728
pouces;: ;.916 gros t 1458 livres
4-onces. L t le piep| cufieflufeqond
n aurait pelé que 46 4 livres j , au
lieu de'493 ’livres’i , ' & de 4 ‘96
livres —
fonte, quoique meilleure que celle qui m’eft venue des
forges de la Nouée, n’eft pas encore de la bonne fonte.
J ’ignore fi depuis ce temps l ’on ne coule pas aux fourneaux
de Ruelle , des fontes meilleures & plus pelantes ,
je lais feulement que deux Officiers de Marine (e ), très-
habiles & zélés , y ont ete envoyés fucceffivement, &
quais font tous deux fort en état de perfectionner l’art,
& de bien conduire les travaux de cette fonderie. Mais
jufqu’à l’époque que je viens de citer, & qui efl bien
recente, je luis affuré que les fontes de nos canons coulés
pleins, n’étoient que de médiocre qualité ; qu’une pareille
fonte n a pas affez de réfiftance, & qu’en lui ôtant encore
le lien qui la contient, c ’eft - à - dire, en enlevant, par
les couteaux du tour, la furface trempée, il y a tout à
craindre du fervjee de ces canons..
On ne manquera pas de dire que ce font ici des
frayeurs paniques & mal fondées , qu’on ne fo fort jamais
que des canons qui ont fubi l ’épreuve, & qu’une pièce
une fois éprouvée par une moitié de plus de charge, ne
doit ni ne peut crever à la charge ordinaire. A ceci je
réponds, que non-feulement cela n’efl pas certain ,. mais
encore que le contraire eff beaucoup plus probable! En
général l ’épreuve des canons par la poudre , eft peut-être
la plus mauyaifo méthode que l’on pût employer pour
s affurer de leur réfiftance. Le canon ne peut fubir le
trop violent effort des épreuves, qu’en y cédant autant
que la cohérencp de la matière le permet, fans fo rompre ;
(e) M .,s de Souville & de Vialis. | , j ï .
N ij