nombre, n’ont fervi qu’à me faire reconnoître tous les
inconvéniens dont je viens de parler. Je fis d’abord
rompre quelques barreaux, & je calculai quelle devoit
être la force d’un barreau plus long & plus gros que ceux
que j ’avois mis à l’ épreuve, & enfuite ayant fait rompre
de ces derniers, & ayant comparé le réfultat de mon
calcul avec la charge aétuelle, je trouvai de fi grandes
différences, que je répétai plufieurs fois la même chofè
fins pouvoir rapprocher le calcul de l'expérience ; j ’effayai
fur d’autres longueurs & d’autres groffeurs, l’évènement
fut le même : enfin je me déterminai à faire une fuite
complète d’expériences qui pût me fervir à dreffer une
table de la force du bois, fur laquelle je pouvois compter,
& que tout le monde pourra confiilter au befoin.
Je vais rapporter en auffi peu de mots qu’ il me fera
poffible, la manière dont j’ai exécuté mon projet.
J ’ai commencé par choifir, dans un canton de mes
bois , cent chênes fiins & bien vigoureux, auffi voifins
les uns des autres qu’il a été poffible de les trouver, afin
d ’avoir du bois venu en même terrein, car les arbres de
différens pays & de différens terreins ont des réfiftances
différentes; autre inconvénient qui fèul fèmbloit d’abord
anéantir toute l’utilité que j’efpérois tirer de mon travail.
Tous ces chênes étoient auffi de la même efpèce, de
la belle efpèce qui produit- du gros gland attaché un
à un ou deux à deux fur la branche , les plus petits de
ces arbres avoient environ z pieds i fie circonférence,
& les plus gros y pieds; je les ai choifis de différente
groffeur, afin de me rapprocher davantage de l ’ufige
ordinaire ; lorfque les Charpentiers ont befoin d’une pièce
de y ou 6 pouces d’équarriffage, ils ne la prennent pas
dans un arbre qui peut porter un pied, la dépenfè féroit
trop grande,;-«^ il; ne leur arrive que trop fouvent d’employer
des arbres trop menus & où ils laifient beaucoup
d’aubier; car je ne parle pas ici des folives de fciage qu’on
emploie quelquefois, & qu’on tire d’un gros arbre, c e pendant
il eft bon d’obfèrver en paffant que ces folives
de fciage font foiblés, & que l’ufige en devroit être
profcrit. On verra dans la fuite de ce Mémoire, combien
il eft avantageux de n’employer que du bois de brin.
Comme le degré de defféchement du bois fait varier
très - confidérablement celui de fi réfiftance,-- & que
d’ailleurs il eft fort difficile de s’affurer de ce degré de défilée
hement , puifque fouvent de deux arbres abattus en
même temps, l’un fe defsèche en moins de temps que
l ’autre ; j ’ai voulu éviter cet inconvénient qui auroit dérangé
la fuite comparée de mes expériences, & j ’ai cru que j ’au-
rois un terme plus fixe & plus certain en prenant le bois tout
vert. J ’ai donc fait couper mes arbres un à un à mefiire que
j ’en avois befoin ; le même jour qu’on abattoit Un arbre on
le conduifoit au lieu où il devoitiêtre rompu, le lendemain
les charpentiers l’équarriffoient .& des menuifiers le travail -
loient a la varlope, afin de lui donner des dimenfions
exaéles, & le iurlendemain on le mettoit à l ’épreuve.
Voici en quoi confiftoit la machine avec laquelle j’ai
fait le plus grand nombre de mes expériences. Deux forts