562 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
en effet tout auffi hautes que le fommet des monts
Riphées, fur lequel la glace & la neige ne fondent pas
entièrement pendant l'été : Et fi ce même effet n’arrive
pas dans les plaines de Sibérie, c’eft parce qu’elles font
moins ifolées, car cette circonflance locale lait encore
beaucoup à la durée & à l’intenfité du froid ou du chaud.
Une vafte plaine une fois échauffée confervera fa chaleur
plus long temps qu’une montagne ifolée, quoique toutes
deux également élevées, & par cette même raifon la
montagne une fois refroidie, confervera là neige ou là
glace plus long-temps que la plaine.
Mais lî l ’on compare l’excès du chaud à l’excès du
froid produit par ces caulès particulières & locales, on
fora peut-être lùrpris de voir que dans les pays tels que
le Sénégal, où la chaleur elt la plus grande, elle n’excède
néanmoins que de 7 degrés la plus grande chaleur géné-.
raie qui elt de 26 degrés au-deffus de la congélation ,
& que la plus grande hauteur à laquelle s’élève la
liqueur du thermomètre, n’ell tout au plus que de 33
degrés au-deffus de ce même point, tandis que les grands
froids de Sibérie vont quelquefois jufqu’à 60, & 70
degrés au-deffous de ce même point de la congélation,
«St qu’à Péterlbourg, à Uplàl, &c. fous la même latitude
de la Sibérie, les plus grands froids ne font defoendre
la liqueur qu’à 2 ? ou 26 degrés au-deffous de la congélation
; ainfi l ’excès de chaleur produit par les caufos
locales n’étant que de 6 ou y degrés au-deffus de la
plus grande chaleur du refte de la zone torride, & l’excès
du froid produit de même par les caufos locales, étant
de plus de 40 degrés au-deffous du plus grand froid,
fous la même latitude ; on doit en conclure que ces
mêmes caufos locales ont bien plus d’influence dans les
climats froids que dans les climats chauds ; quoiqu’on
ne voie pas d’abord ce qui peut produire cette grande
différence dans l’excès du froid & du chaud. Cependant
en y réfléchiffant, il me fomble qu’on peut concevoir
aifément la raifon de cette différence. L ’augmentation de
la chaleur d’un climat tel que le Sénégal, ne peut venir
que de l’aélion de l’air, de la nature du terroir & de la
dépreffion du terrein : cette contrée prefque au niveau
de la mer eft en grande partie couverte de fables arides ;
un vent d’efl confiant, au lieu d’y rafraîchir l ’air, le rend
bridant, parce que ce vent traverfe avant que d’arriver
plus de deux mille lieues de terre, fur laquelle il s’échauffe
toujours de plus en plus , & néanmoins toutes ces caufos
réunies ne produifont qu’un excès de 6 ou y degrés
au-deffus de 2 6 , qui efl le terme de la plus grande
chaleur de tous les autres climats. Mais dans une contrée
telle que la Sibérie, où les plaines font élevées comme
les fommets des montagnes le font au-deffus du niveau
du refte de la terre, cette feule différence d’élévation doit
produire un effet proportionnellement beaucoup plus
grand que la dépreffion du terrein du Sénégal, qu’on
ne peut pas fùppofer plus grande que celle du niveau de
la mer; car fi les plaines de Sibérie font feulement élevées
de quatre ou cinq cents toifes au-deffus du niveau d’Upfal
ou de Péterfbourg, on doit ceffer d’être étonné que
l’excès du froid y foit fi grand, puifque la chaleur qui