550 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
qu’elle exifte fur le globe terreftre, quoique compofé
de pierre, de grès, de marbre, de fer & de verre. Il
en ell des autres planètes comme de notre globe, leur
fonds principal ell une des matières que nous venons
d’indiquer , mais les caulès extérieures auront bientôt
altéré la couche fùperficielle de cette matière, & félon
les différens degrés de chaleur ou de froid, de féche-
relfe ou d’humidité, elles auront converti en affez peu
de temps cette matière, de quelque nature qu’on la
lùppofè, en une terre féconde & propre à recevoir les
germes de la Nature organifée, qui tous n’ont befoin
que de chaleur & d’humidité pour fe développer.
Après avoir fatisfait aux objections qui paroilfent fe
préfenter les premières, il ell nécelfaire d’expolèr les
faits & les oblèrvations par lefquelles on s’elt alfuré que
la chaleur du Soleil n’elt qu’un accelfoire, un petit
complément à la chaleur réelle qui émane continuellement
du globe de la T erre ; & il fera bon de faire voir
en même temps comment les thermomètres comparables
nous ont appris d ’une manière certaine que le
chaud de l’été ell égal dans tous les climats de la T erre,
■ à l’exception de quelques endroits, comme le Sénégal,
&de quelques autres parties de l’Afrique, où la chaleur
ell plus grande qu’ailleurs, par des raifons particulières
dont nous parlerons lorfqu’il s’agira d’examiner les
exceptions à cette règle générale.
On peut démontrer par des évaluations inconteltables,
que la lumière, & par conféquent la chaleur envoyée
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 5 5 1
du Soleil à la Terre en été ell très-grande en compa-
railon de la chaleur envoyée par ce même allre en hiver,
& que néanmoins par des oblèrvations très - exaétes &
très-réitérées, la différence de la chaleur réelle de l’été
à celle de l’hiver ell fort petite. Cela feul leroit luffilant
pour prouver qu’il exilfe dans le globe terreftre une
très-grande chaleur, dont celle du Soleil ne fait que le
complément ; car en recevant les rayons du Soleil lùr
le même thermomètre en été & en hiver, M. Amontons
a le premier obfervé, que les plus grandes chaleurs de
l ’été dans notre climat, ne diffèrent du froid de l ’hiver,
lorlque l’eau fe congèle, que comme 7 diffère de 6 ,
tandis qu’on peut démontrer que l ’aétion du Soleil en
été ell environ 66 fois plus grande que celle du Soleil
en hiver; on ne peut donc pas douter qu’il n’y ait un
fonds de très-grande chaleur dans le globe terreftre, fur
lequel, comme bafe, s’élèvent les degrés de la chaleur
qui nous vient du Soleil, & que les émanations de ce
fonds de chaleur à la furfàce du globe, ne nous donnent
une quantité de chaleur beaucoup plus grande que celle
qui nous arrive du Soleil.
Si l ’on demande comment on a pu s’affurer que la
chaleur envoyée par le Soleil en é té, eft 66 fois plus
grande que la chaleur envoyée par ce même aftre en
hiver dans notre climat ; je ne puis mieux répondre qu’en
renvoyant aux Mémoires donnés par feu M. de Mairan
en 1 7 1 9 , 172.2 & 1 7 6 5 , & inférés dans ceux de
l’Académie, où il examine ayec une attention fcrupuleufe