1 14 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
ligneux, n’eft pas à beaucoup près auffi .fernie, c ’efl Ta
partie foible du bois dont l ’organifation eft différente de
celle des cônes ligneux, & dépend de la façon dont ces
cônes s’attachent & s’uniffent les uns aux autres, que
nous allons expliquer en peu de mots. Les canaux longitudinaux
qui portent la nourriture au bouton., non-
feulement prennent de l’étendue & acquièrent de la folidité
par l ’aôtion'& le dépôt de la sève , mais ils cherchent
encore à s’étendre d’une autre façon, ils fe ramifient dans
toute leur longueur, & pouffent de petits fiiamens comme
de petites branches, qui d’un côté vont produire l’écorce,
& de l’autre vont s’attacher au bois de l’année précédente,
& forment entre les deux couches du bois un tiffu fpon-
gieux qui , coupé tranfverfalement, même à une allez
grande épaiffeur, laiffe voir plufieurs petits trous, à peu-
près comme on en voit dans de la dentelle ; les couches
du bois font donc unies les unes aux autres par une efpèce
de réfèau : ce réfeau n’occupe pas à beaucoup près autant
d efpace que la couche ligneufè, il n’a qu’environ une
demi-ligne d’épailfeur; cette épaiffeur e ff à peu-près la
meme dans tous les arbres de même efpèce, au lieu que
les couches ligneu/ès font plus ou moins épaiffes, &
varient fi confidérablement dans la même efpèce d ’arbre,
comme dans le chêne, que j ’en ai mefùfé qui avoient
trois lignes & demie, & d’autres qui n’avoient qu’une
demi-ligne d’épaiffeur.
Par cette fimple expofition de la texture du bois, on
voit que la cohérence longitudinale doit être bien plus
P A R T IE EXPÉRIMENTALE. I15
confidérable que l’union tranfverfàle ; on voit que dans
les petites pièces de bois, comme dans un barreau d’un
pouce d’épaiffeur, s’il fe trouve quatorze ou quinze
couches ligneufès , il y aura treize ou quatorze cloifons, &
que par confequent ce barreau fera moins fort qu’un pareil
barreau qui ne contiendra que cinq ou fix couches &
quatre ou cinq cloifons : on voit auffi v[ue dans ces petites
pièces, s’il fe trouve une ou deux couches ligneufes qui
foient tranchées par la fc ie , ce qui arrive fbuvent, leur
force fera confidérablement diminuée; mais le plu?grand
défaut de ces petites pièces de bois, qui font les feules
fur lefquelles on ait jufqu’à ce jour fait des expériences,
c ’efl qu’elles ne font pas compofées comme les grofïes
pièces, la pofition des couches ligneufes & des cloifons
dans un barreau eft fort différente de la pofition de ces
mêmes couches dans une poutre, leur figure eft même
différente, & par conféquent on ne peut pas eftimer
la force d’une groffe pièce par celle d’un barreau : un
moment de réflexion fera fentir cé que je viens de dire.
Pour former une poutre, il ne faut qu’équarrir l ’arbre ,
c ’eft-à-dire, enlever quatre fègmens cylindriques d’un bois
blanc & imparfait, qu’on appelle aubier; dans le coeur de
l ’arbre la première couche ligneufè refie au milieu de la
pièce, toutes les autres couches enveloppent la première
en forme de cercles ou de couronnes cylindriques ; le
plus grand de ces cercles entiers , a pour diamètre l’épaif-
feur de la pièce ; au-delà de ce cercle tous les autres font
tranchés, & ne forment plus que des portions de cercles
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