fluide de tous les corps, je n’entends que les corps fur
lefquels.on peut faire des expériences exaétes, car, je
n’ignore:pas, puifque tout le monde le fait, que l’air ne
foit encore beaucoup plus fluide que de mercure; & en
cfela même la loi que j’ar donnée fur le progrès de la
chaleur efl encore confirmée; car, l’air s’échauffe & le
refroidit, pour ainfi dire, en un inflant, il fecondenfè par
le froid, & fe dilate par la chaleur plus qu’aucun autre
corps, & néanmoins le froid le plus exceffifne le condenfe
pas affez pour lui faire perdre fa fluidité, tandis que le
mercure perd la fienneà 187 degrés de froid au-deffous
de la congélation de l ’eau, & pourrait la perdre à un
degré de froid beaucoup moindre fi on le réduifoit en
vapeur. II fubfifle donc encore un peu de chaleur au-deffous
de ce froid exceffif de 187 degrés, & par confequent le
degré de la congélation de l ’eau, que tous les conflruc-
teurs de thermomètres ont regardé comme la limite de
la chaleur, &; comme un terme où l’on doit là fitppofer
égale à zé ro , efl au contraire un degré réel de l’échelle
de la chaleur , degré où non- feulement la quantité de
chaleur fubfiflante n’eft.pas nulle, mais où cette quantité
de chaleur efl très-confidérable, puifque c ’efl à peu-près
le point milieu entre le degré de la congélation du mercure
& celui de la chaleur néceffaire pour fondre le bifinuth,
qui efl de 190 degrés , lequel ne diffère guère de 18 7
au-deffus du terme de la glace, que comme l’autre en
diffère au-deffous.
Je regarde donc la chaleur comme une matière réelle
qui doit avoir fon poids, comme toute autre matière, &
j’ai dit en conféquence que pour reconnoître fi le feu a
une pefanteur fenfible, il faudroit faire l’expérience fur des
grandes maffes pénétrées de feu, & les pefer dans cet état,
& qu’on trouveroit peut-être une différence affez fenfible
pour qu’on en pût conclure la. pefanteur du feu ou de la
chaleur qui m’en paroît être la fubflance la plus matérielle :
la lumière & la chaleur, font les deux élémens matériels
du feu, ces deux élémens réunis ne font que le feu même,
& ces deux matières nous affeétent chacune fous leur
forme propre, c ’e fl-à -d ir e , d’une manière différente.
O r comme il n’exifle aucune: forme fans matière , ’ il efl
clair que quelque fùbtiîe qu’on fuppofè la flthflance de la
lumière , de la chaleur ou du feu, elle efl fujette comme
toute autre.matière à la loi générale de l’attraélion univer-
fèlle : car, comme nous l ’avons dit, quoique)la lumière
foit douée d’un reffort prefque parfait, & que par confé-
quent fès parties tendent avec une force prefque infinie à
s’éloigner des corps qui la produifent ; nous avons démontré
que cette force expanfive ne détruit pas celle de
la pefanteur ; on le voit par l’exemple de l’air qui efl très-
élaflique, & dont les parties tendent avec force à s’éloigner
les unes des autres , qui ne laiffe pas d’être pefant ; ainfi la
force par laquelle les parties de l’air ou du feu tendent
à s’éloigner & s’éloignent en effet les unes des autres, ne
fait que diminuer la maffe, c ’eft-à-dire, la denfité de ces
matières, & leur pefanteur fera toujours proportionnelle
à cette denfité : fi donc l ’on vient à bout de reconnoître