336 H i s t o i r e Na t v r e l l e .
fois prefque blanchâtre. C e défaut fe trouve plus fréquemment
fur les coteaux expofés au midi, que par-touf
ailleurs. Enfin par la profondeur où cet aubier fe trouve,
dans le tronc, il paraît dans beaucoup d’arbres avoir péri
en 1 *709, & nous croyons qu il efl dans tous une fuite
des grandes gelées d’hiver, qui ont fait entièrement périr
une portion d’aubier & d ecorce, qui ont enfuite ete
recouverts par le nouveau bois, & cet aubier mort fe
trouve prefque toujours à l ’expofition du midi, parce
que le Soleil venant a fondre la glace de ce cote, il en
réflilte une humidité qui regèie de nouveau & fitot apres
que le Soleil a difparu, ce qui forme un verglas qui,
comme l’on fait, caufe un préjudice confidérable aux
arbres. C e défaut n’occupe pas ordinairement toute la
longueur du tronc, de forte que nous avons vu des
pièces équarries qui paroiffoient très-faines, & que l’on
n’a reconnu attaquées de cette gelivure que quand on les
a eu refendues, pour en faire des planches ou des mem-
brières. Si ont les eut employées de toute leur groffeur,
on les aurait cru exemptes de tous défauts. On conçoit
cependant combien un tel vice dans leur intérieur doit
diminuer leur force, & précipiter leur dépériffement.
Nous avons dit encore que les fortes gelées d’hiver,
èifoient quelquefois fendre les arbres fuivant la direction
de leurs fibres, & même avec bruit, ainfi il nous refie
à rapporter les obfervations que nous avons pu faire fur
cet accident.
On trouye dans les forêts des arbres qui, ayant été
fendus
fendus fuivant la direétion de leurs fibres, font marqués
d’une arête qui efl formée par la cicatrice qui a recouvert
ces gerçures qui refient dans l’intérieur de ces- arbres
fans fè réunir, parce que, comme nous le prouverons
dans une autre occafion, il ne fe forme jamais de réunion
dans les fibres ligneufes fitôt qu’elles ont été féparées ou
rompues. Tous les ouvriers regardent toutes ces fentes
comme l ’effet des gelées d’hiver, c ’efl pourquoi iis
appellent des gelivures, toutes les gerçures qu’ils aperçoivent
dans les arbres. 11 n’efl pas douteux que la sève
qui augmente de volume lorfqu’elle vient à geler, comme
font toutes les liqueurs aqueufès, peut produire plufieurs
de ces gerçures ; mais nous croyons qu’il y en a auffi qui
font indépendantes de la gelée, & qui font occafionnées
par une trop grande abondance de sève.
Quoi qu’il en foit, nous avons trouvé de ces défec-
tuofités dans tous les terroirs & à toutes les expofitions,
mais plus fréquemment qu’ailleurs dans les terroirs humides
, & aux expofitions du nord & du couchant ; peut-
être cela vient-il dans un cas de ce que le froid efl plus
violent à ces expofitions , & dans l ’autre, de ce que les
arbres qui font dans les terroirs marécageux, ont le tiffu de
leurs fibres ligneufes plus foible & plus rare, & de ce que
leur sève efl plus abondante & plus aqueufe que dans les
terroirs focs, ce qui fait que l’effet de la rarefàétion des
liqueurs par la gelée , efl plus fonfible & d autant plus en
état de défunir les fibres ligneufes, qu’elles y apportent
moins de réfiflance.
Supplément. Tome I I . U u