II n’efl pas néccffaire d’avertir qu’elle eft encore plus
indilpenfable lorfque les jeunes plants ont été gelés, il
n’y a pas d’autre moyen pour les rétablir que de les
receper. On auroit dû, par exemple, receper tous les
taillis de deux ou trois ans qui ont été gelés au mois
d ’oétobre 1740, jamais gelée d’automne n'a fait autant
de mal : la feule façon d’y remédier c ’efl de couper,
on fàcrifie trois ans pour n’en pas perdre dix ou douze.
A ces obfervations générales fur la culture du bois,
qu’il me foit permis de joindre quelques remarques utiles.,
& qui doivent même précéder toute culture.
L e chêne & le hêtre font les feuls arbres, à l ’exception
des pins & de quelques autres de moindre valeur,
qu’on puiffe femer avec luecès dans des terreins incultes.
L e hêtre peut être femé dans les terreins légers, la graine
ne peut pas fortir dans une terre forte # parce qu’elle
pouffe au-dehors fon enveloppe au-deffus de la tige
naiffante ; ainfi il lui fiut une- terre meuble & facile à
divifer, fans quoi elle refte & pourrit. L e chêne peut
être femé dans prefque tous les terreins ; toutes les autres
efpèces d’arbres veulent être femées en pépinière, &
enfuite tranfplantées à l’âge de deux ou trois ans.
11 faut éviter de mettre enfemble les arbres qui ne
fe conviennent pas , le chêne craint le voifinage des pins,
des fapins, des hêtres & de tous les arbres qui pouffent
de greffes racines dans la profondeur du fol. En général,
pour tirer le plus grand avantage d’un terrein , il faut
planter enfemble des arbres qui tirent la fubffance du
fond
Partie expérimentale. 2 8 9
fond en pouffant leurs racines à une grande profondeur,
& d’autres arbres qui puiffent tirer leur nourriture prefque
de la furface de la terre, comme font les trembles, les
tilleuls, les marfeaux & les autres dont les racines
s’étendent & courent à quelques pouces feulement de
profondeur fans pénétrer plus avant.
Lorfqu’on veut femer du bois, il faut attendre une
année abondante en glands, non-feulement parce qu’ils
font meilleurs & moins chers, mais encore parce qu’ils
ne feront pas dévorés par les oifèaux, les mulots & les
fàngliers, qui trouvant abondamment du gland dans les
forêts ne viendront pas attaquer votre fèmis, ce qui ne
manque jamais d’arriver dans des années de difètte. On
n’imagineroit pas jufqu’à quel point les feuls mulots
peuvent détruire un femis ; j’en avoïs fait un il y a deux
ans, de quinze à fèize arpens, j ’avois femé au mois
de novembre; au bout de quelques jours je m’aperçus
que lés mulots emportoient tous les glands : ils habitent
feuls, ou deux à deux, & quelquefois trois à quatre
dans un même trou; je fis découvrir quelques-uns de
ces trous, & je fus épouvanté de voir dans chacun un
demi-boiffeau, & fouvent un boiffeau de glands que ces
petits animaux avoient ramaffés. Je donnai ordre fur le
champ qu’on dreffât dans ce canton un grand nombre de
pièges, où pour toute amorce on mit une noix grillee ;
en moins de trois femaines de temps on m’apporta
près de treize cents mulots. Je ne rapporte ce fait ,
que pour faire voir combien ils font nuifibles, & par
Supplément. Tome IL O o