5 io H i s t o i r e N a t u r e l l e .
tandis que ces oifeaux d’Amérique & d’A lie , tout-à-fait
femblables à ceux de l’Europe, font nés dans leur pays,
& ne viennent pas plus chez nous que les nôtres vont
chez eux. La même température nourrit, produit partout
les mêmes êtres, mais cette vérité générale fera
démontrée plus en détail dans quelques-uns des articles
foivans.
On pourra remarquer i.° que l’Anneau de Saturne
a été prefque aulfi long-temps à fe refroidir aux points
de la confolidation & du refroidiffement à pouvoir le
toucher, que Saturne même, ce qui ne paroît pas vrai
ni vraifemblable, puifque cet Anneau ell fort mince, &
que Saturne ell d’une épailfeur prodigieufe en compa-
raifon; mais il faut faire attention d’abord à l’immenfe
quantité de chaleur que cette greffe planète envoyoit
dans les commencemens à Ion Anneau, & qui dans le
temps de l ’incandefcence, étoit plus grande que celle
de cet Anneau, quoiqu’il fût auffi lui-même dans cet
état d’incandefcence, & que par conféquent le temps
néceffaire à fa confolidation a dû être prolongé de beaucoup
par cette première caulè :
2.0 Que quoique Saturne fût lui-même confolidé
jufqu’au centre en y mille 140 ans, il n’a ceffé d’être
rouge & très-brûlant que plufieurs fiècies après, & que
par conféquent il a encore envoyé dans les fiècies pof-
térieurs à là confolidation, une quantité prodigieufe de
chaleur à fon Anneau, ce qui a dû prolonger fon refroi-
diffement dans la proportion que nous avons établie.
Seulement il faut convenir que les périodes du refroi-
diffement de Saturne au point de la confolidation & du
refroidiffement à pouvoir le toucher font trop courtes,
parce que nous n’avons pas fait l’eftimation de la chaleur
que fon Anneau & fes Satellites lui ont envoyée, & que
cette quantité de chaleur que nous n’avons pas eftimée,
ne laiffe pas d’être confidérable, car l ’Anneau comme
très-grand & très-voifin, envoyoit à Saturne dans le
commencement, non-feulement une partie de là chaleur
propre, mais encore il lui réfléchiffoit une grande portion
de celle qu’il en recevoit, en forte que je crois
qu’on pourroit, làns fe tromper, augmenter d’un quart
le temps de la confolidation de Saturne, c ’ell-à-dire,
affigner 6 mille 8 y y ans pour fa confolidation jufqu’au
centre ; & de même augmenter d’un quart les 59 mille
91 1 ans, que nous avons indiqués pour fon refroidiffement
au point de le toucher, ce qui donne 5 7 9 mille
881 ans; en forte que ces deux termes peuvent être
lubftitués dans la Table générale aux deux premiers.
| Il ell de même très-certain que le temps du refroidiffement
de Saturne, au point de la température aétuelie
de la Terre, qui ell de 130 mille 821 ans, doit par les
mêmes raifons, être augmenté non pas d’un quart, mais
peut-être d’un huitième, & que cette période au lieu d’être
de 1 30 mille 821 ans, pourroit être de 147 mille 173 ans.
On doit aulfi augmenter un peu les périodes du
refroidiffement de Jupiter, parce que fes Satellites lui ont
envoyé une portion de leur chaleur propre, & en même