leur nombre & par leur diligence à ferrer autant de glands
qu’il peut en entrer dans leurs trous.
A R T I C L E Y .
Addition aux Obfervations précédentes.
i
D a n s un grand terrein très-ingrat & mal fitué., où rien
ne vouloit croître, où le chêne, le hêtre & les autres
arbres foreftiers que j ’avois. femés n’avoient pu réuflîr,
où tous, ceux que j ’avois plantés ne pouvoient s’élever,
parce qu’ils étoient tous les ans fai fi s par les gelées, je
fis planter en 173 4 des arbres toujours verts; favoir,
une centaine de petits pins (a ), autant d’épicéas & de
fapins que j’avois élevés dans des caifles pendant trois
ans ; la plupart des fapins périrent dès la première année,
& les épicéas dans les années fùivantes; mais les pins
ont réûfté, & fe font emparés, d’eux-mêmes d’un a fiez
grand terrein. Dans les quatre ou cinq premières années
Leur açcroiflement étoit à peine fenfible, on ne les a ni
cultivés ni recepés ; entièrement abandonnés aux foins
de la Nature, ils ont commencé au bout de dix ans à
fe montrer en forme de petits buifions; dix ans après
ces buifions devenus bien plus gros, rapportoient des
cônes, dont le vent difperfoit les graines au loin ; dix
ans après., c ’efi - à -d ire , au bout de trente ans , ces
buifions avoient pris de la tige, & aujourd'hui en 1774»
fiy P'tnus JilyeJtns Cenevénjis.
c ’eft-à-dire, au bout de quarante ans; ces pins forment
d’aflez grands arbres dont les graines ont peuplé le terrein
à plus de cent pas de diftance de chaque arbre. Comme
ces petits pins venus de graine, étoient en trop grand
nombre, fur-tout dans le voifinage de chaque arbre, j’en
ai fait enlever un très-grand nombre pour les tranfplanter
plus loin , de manière qu’aujourd’huî ce terrein qui
contient près de quarante arpens, eft entièrement couvert
de pins & forme un petit bois toujours vert, dans un
grand efpace qui de tout temps avoit été ftérile.
Lorfqu’on aura donc des terres ingrates, où le bois
refiife de croître, & des parties de terrein fituées dans
des petits vallons en montagne, où la gelée fùpprime
les rejetons des chênes & des autres arbres qui quittent
leurs feuilles, la manière la plus fore & la moins coû-
teufe de peupler ces terreins, eft d’y planter des jeunes
pins à vingt ou vingt-cinq pas les uns des autres. Au
bout de trente ans tout l’efpace fera couvert de pins, &
vingt ans après on jouira du produit de la coupe de ce
bois, dont la plantation n’aura prefque rien coûté. Et
quoique la jouiflance de cette elpèce de culture foit
fort éloignée, la très-petite dépenfe qu’elle fuppofe, &
la fatisfaélion de rendre vivantes des terres abfolument
mortes, font des motifs plus que fùffifàns pour déterminer
tout père de famille, & tout bon citoyen a cette
pratique utile pour la poflerite, 1 interet de 1 Etat, & a
plus forte raifon celui de chaque particulier, eft qu’il ne
relie aucune terre inculte ; celles - ci qui de toutes font
O o ij