9 2 H i s t o i r e N a t v r e l l e .
enlûite avec des machines difficiles à exécuter, & encore
plus difficiles à conduire, au lieu de les couler creux
comme on le faifoit autrefois ; & dans ce temps nos canons
crevoient moins qu’aujourd’hui. J ’ai balancé les raifons
pour & contre, & je vais les préfenter ici. Pour couler
un canon creux, il faut établir un noyau dans le moule,
& le placer avec la plus grande précifion, afin que le
canon fe trouve par-tout de l’épaiffeur requife, & qu’un
côté ne foit pas plus fort que l’autre ; comme la matière
en fufion tombe entre le noyau & le moule, elle a
beaucoup moins de force centrifuge ; & dès-lors la qualité
de la matière eft moins inégale dans le canon coulé creux,
que dans le canon coulé plein ; mais auffi cette matière ,
par la raifon même qu’elle eft moins inégale,, eft au
total moins bonne dans le canon creux; parce que les
impuretés qu’elle contient s’y trouvent mêlées par-tout,
au lieu que dans le canon coulé plein, cette mauvaifè
matière refte au centre & fe fépare enluite du canon par
l ’opération des forets. Je penfèrois donc par cette première
raifon, que les canons forés doivent être préférés
aux canons à noyau. Si l ’on pouvoir cependant couler
ceux-ci avec allez de précifion pour n’être pas obligé de
toucher à la lurfàce intérieure ; fi lorfqu’on tire le noyau,
cette lurfàce fe trouvoit alfez unie , allez égale dans toutes
fe s directions , pour n’avoir pas befoin d’être calibrée,
& par confequent en partie détruite par l’inftrument d’acier,
ils auraient un grand avantage fur les autres, parce que
dans ce cas la furface intérieure fe trouveroit trempée
comme la furface extérieure, & dès-lors la réfiftance de
la pièce fe trouveroit bien plus grande. Mais notre art ne
va pas jufque-là, on étoit obligé de ratifier à l’intérieur
toutes les pièces coulées creux afin de les calibrer : en les
forant on ne fait que la même chofe, & on a l ’avantage
d’ôter toute la mauvaifè matière qui fe trouve autour du
centre de la pièce coulée plein; matière qui refte au
contraire dilperfée dans toute la mafle de la pièce coulée
creux.
D ’ailleurs les canons coulés plein, font beaucoup
moins fujets aux foufflures, aux chambres, aux gerlùres
ou fàufles foudures, &c. Pour bien couler les canons à
noyau & les rendre parfaits, il fàudroit des évents, au
lieu que les canons pleins n’en ont aucun befoin ; comme
ils ne touchent à la terre ou au labié dont leur moule
eft compofé, que par la lurfàce extérieure, qu’il eft rare
fi ce moule eft bien préparé, bien féché , qu’il s’en
détache quelque chofe, que pourvu qu’on ne fafte pas
tomber la fonte trop précipitamment & qu’elle foit bien
liquide, elle ne retient ni les bulles de Pair ni celles des
vapeurs qui s’exhalent à melùre que le moule fe. remplit
dans toute fa cavité ; il ne doit pas fe trouver autant de ces
défauts à beaucoup près dans cette matière coulée pleine |
que dans celle où le noyau rendant à l ’intérieur fon air &
fon humidité , ne peut guère manquer d’occafionner des
foufflures & des chambres qui fe formeront d’autant plus
aifément que l’épaifleur de la matière eft moindre, fa qualité
moins bonne & fon refroidiffement plus fubit. Julqu’ici