2 6 8 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
m’eft relié que des cerifiers, des alifiers, des cormiers,
des frênes & des ormes, encore les alifiers & les frênes
font-ils languiffans, ils n’ont pas augmenté d’un pied de
hauteur en cinq ans ; les cormiers font plus vigoureux,
mais les mérifiers & les ormes font ceux qui de tous ont
le mieux réuffi. Cette terre fe couvrit pendant l’été d’une
prodigieufe quantité de mauvaifos herbes, dont les racines
détruifirent plufieurs de mes arbres. Je fis fomer auffi
dans ce canton des glands germés, les mauvaifos herbes
en étouffèrent une grande partie ; ainfi je crois que dans
les bons terreins qui font d’une nature moyenne, entre
les terres fortes & les terres légères, il convient de fomer
de l’avoine avec les glands, pour prévenir la naiffance des
mauvaifos herbes, dont la plupart font vivaces, & qui
font beaucoup plus de tort aux jeunes chênes que l’avoine
qui ceffe de pouffer des racines au mois de juillet. Cette
obforvation efi fore, car dans le même terrein les glands
que j’avois fait fomer avec l ’avoine, avoient mieux réuffi
que les autres. Dans le relie de mon terrein, j’ai fait
planter des jeunes chênes, de l’ormille & d’autres jeunes
plants, tirés de mes pépinières, qui ont bien réuffi ; ainfi
je crois pouvoir conclure avec connoiffance de caufo, que
c’ell perdre de l ’argent & du temps, que de faire arracher
des jeunes arbres dans les bois, pour les tranlplanter dans
des endroits où on elt obligé de les abandonner & de les
laiffer fans culture, & que quand on veut faire des plantations
confidérables d’autres arbres que de chêne ou de
hêtre, dont les graines font fortes, & liirmontent prefque
tous les obltacles, il faut des pépinières où l ’on puiffe
élever & foigner les jeunes arbres pendant les deux premières
années, après quoi on les pourra planter avec
fuccès pour faire du bois.
M ’étant donc un peu inftruit à mes dépens en faifant
cette plantation, j’entrepris l ’année fuivante d’en faire
une autre prefque auffi confidérable, dans un terrein tout
différent; la terre y elt sèche, légère, mêlée de gravier,
& le fol n’a pas huit pouces de profondeur, au-deffous
duquel on trouve la pierre. J ’y fis auffi un grand nombre
d’épreuves, dont je ne rapporterai pas le détail, je me
contenterai d’avertir qu’il faut labourer ces terreins, &
les fomer avant l’hiver. Si l’on ne feme qu’au printemps,
la chaleur du Soleil fait périr les graines ; fi on fe contente
de les jeter ou de les placer lùr la terre, comme dans
les terreins forts, elles fe defféchent & périffent, parce
que l’herbe qui fait le gazon de ces terres légères, n’ell
pas affez garnie & affez épaiffe pout les garantir de la
gelée pendant l’hiver & de l’ardeur du Soleil au printemps.
Les jeunes arbres arrachés dans les bois, reuffiffent
encore moins dans ces terreins que dans les terres fortes ;
& fi on veut les planter, il faut le frire avant l’hiver avec
des jeunes plants pris en pépinière.
Je ne dois pas oublier de rapporter une expérience
qui a un rapport immédiat avec notre fojet. J ’avois envie
de connoztre les elpèees de terreins qui font abfolument
contraires à la végétation, & pour cela j’ai frit remplir
une demi - douzaine de grandes caiffes à mettre des