532 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
nous affeâent, en produit une prodigieufè dans leurs
effets. Y a-t-il rien de plus voifin du très-grand plaifir
que la douleur, & qui peut affigner la diftance entre le
chatouillement v if qui nous remue délicieufement, & le
frottement qui nous bleffe, entre le feu qui nous réchauffe
& celui qui nous brûle, entre la lumière qui réjouit nos
yeux & -celle qui les offufque, entre la faveur qui flatte
notre goût & celle qui nous déplaît, entre l’odeur dont
une petite dofè nous affeéle agréablement d’abord &
bientôt nous donne des naufées ! On doit donc ceffer
d’être étonné qu’une petite augmentation de.chaleur telle
que puiffe nous paraître fi fènfible, & que les limites
du plus grand chaud de l’été, au plus grand froid de
l ’hiver, foient entrer & 8, comme l’a dit M. Amontons,
ou même entre 31 & 3 2 , comme M- de Mairan d’a
trouvé en prenant tous les réfultats des obfèrvations faites
fur cela pendant cinquante-fix années confécutives.
Mais-il faut avouer que fi l’on vouloit juger de la chaleur
réelle du globe, d’après les rapports que ce dernier
-Auteur nous a donnés des émanations de la chaleur
terreftre aux acceffions de là chaleur folaire dans ce climat,
il fè trouveroit que leur rapport étant à pey près : : 29 : 1
en été, & : : 4.71 ou même : : 4.91 en hiver : .1; il fè
trouveroit, dis-je,-en joignant ces deux rapports, que
la chaleur folaire ne feroit à la chaleur terreftre que
:: * - * 7 -— ■ ' : 2 , * ou ;«-i- : 1. Mais cette eflimation feroit fau-
tive, & l’erreur deviendrait d’autant plus grande que les
climats feraient plus froids. Il n’y a donc que celui sde
l ’équateur jufqu’aux tropiques, où la chaleur étant en
toutes faifons prefque égale, on puiflfe établir avec fondement
la proportion entre la chaleur des émanations
de la Terre & des acceffions de la chaleur folaire. Or
ce rapport dans tout ce vafte climat, où les étés & les
hivers font prefque égaux, eft à très-peu près : : 50 : 1.
■ C’eft par cette raifon que j’ai adopté cette proportion,
.& que j’en ai fait la bafè du calcul de mes recherches. .
-Néanmoins je ne prétends pas aflurer affirmativement
que la chaleur propre de la Terre foit réellement cinquante
fors plus grande que celle qui lui vient du Soleil;
comme cette chaleur du globe appartient à toute la
matière terreftre, dont nous faifons partie, nous n’avons
point de mefure que nous puiffions en féparer, ni par
cpnfèquent d’unité fènfible & réelle à laquelle nous
puiffions la rapporter. Mais quand même on voudroit
que la chaleur folaire fût plus grande ou plus petite
que nous ne l’avons fuppofée, relativement à la chaleur
terreftre, notre théorie ne changeroit que par la proportion
des réfultats. .
Par exemple, fi nous renfermons toute l ’étendue de
nos fenfations du plus grand chaud au plus grand froid
-dans les limites données par les obfèrvations de M.
Amontons, .c’eft-à -d ire , entre 7 & 8 ou dans f|>, &
qu’en même temps nous fhppofions que la chaleur du
Soleil peut produire feule cette différence de nos fondations,
on aura dès-lors la proportion de 8 à 1 de la
chaleur propre du globe terreftre à celle qui lui yient du