■ 282 Histoire Naturelle.
mes jeunes plants poufsèrent plus vigoureufement qu’au
printemps ; mais le but principal étoit manqué, le grand
& prompt accroifTement que je defirois, fe réduifoit au
quart de ce que j’avois efpéré, & de ce que j ’avois vu
dans mon jardin : cela ralentit beaucoup mon ardeur, &
je me contentai, après avoir fait un peu élaguer mes
jeunes plants, de leur donner deux labours l ’année fui-
vante, & encore y eut-il un efpace d’environ un quart
d ’arpent qui fut oublié & qui ne reçut aucune culture.
C e t oubli me valut une connoilfance, car j ’obfervai avec
quelque furprife, que les jeunes plants de ce canton étoient
auffi vigoureux que ceux du canton cultivé; & cette
remarque changea mes idées au fujet de la culture, &
me fit abandonner ce terrein qui m’avoit tant coûté. Avant
que de le quitter, je dois avertir que ces cultures ont
cependant fait avancer confidérablement l ’accroiffement
des jeunes arbres, & que je ne me fuis trompé fur cela
que du plus au moins : mais la grande erreur de tout
ceci eft la dépenfe, le produit n’efl point du tout proportionné
, & plus on répand d’argent dans un terrein
qu’on veut convertir en bois, plus on fe trompe; c ’eft
un intérêt qui décroît à mefure qu’on fait de plus grands
fonds.
Il faut donc tourner fès vues d’un autre côté, fa
dépenfe devenant trop forte, il faut? renoncer à ces
cultures extraordinaires, & même à ces cultures qu’on
donne ordinairement aux jeunes plants deux fois l ’année
en ferfouiffant légèrement la terre à leur pied ; outre des
Partie expérimentale. 2 8 3
inconvéniens réels de cette dernière efpèce de culture,
celui de la dépenfe eft fuffifant pour qu’on s’en dégoûte
aifément, fur-tout fi l’on peut y fubftituer quelque choie
de meilleur & qui coûte beaucoup moins.
L e moyen de fuppléer aux labours & prefque a toutes
les autres efpèces de cultures, c ’eft de couper les jeunes
plants jufqu’auprès de terre ; ce moyen tout fimple qu il
paroît, eft d’une utilité infinie, & lorfqu’il eft mis en
oeuvre à propos, il accélère de phifieurs années le fucees
d’une plantation. Q u ’on me permette, à ce fujet, un peu
de détail, qui peut-être ne déplaira pas aux amateurs de
l ’Agriculture.
Tous les terreins peuvent fe réduire à deux efpèces,
lavoir, les terreins forts & les terreins légers; cette divifion
quelque générale qu’elle fbit, fuffit à mon deffein. Si
l ’on veut fèmer dans un terrein léger, on peut le faire
labourer; cette opération fait d ’autant plus d’effet, & caufo
d ’autant moins de dépenfe que le terrein eft plus leger:
il ne faut qu’un feul labour, & on sème le gland en fuivant
la charrue. Comme ces terreins font ordinairement focs
& brûlans, il ne faut point arracher les mauvaifos herbes
que produit l’été fuivant, elles entretiennent une fraîcheur
bienfàifante, & garantiflerit les petits chênes de l’ardeur
du Soleil, enfuite venant à périr & à fécher pendant
l ’automne, elles fervent de chaume & d’abri pendant
l’hiver, & empêchent les racines de geler ; il ne faut donc
aucune efpèce de culture dans ces terreins fàblonneux.
J ’ai fomé en bois un grand nombre d’arpens de cette:
N n ij