elles étoient élevées & répandues en forme de vapeurs,
& n’ont pu fe dépofer que fùcceffivement à mefure qu’il
fe refroidi (Toit. Ces matières ont pénétré par les fentes
& les crevaffes de b Terre à dallez grandes profondeurs
, en une infinité d’endroits; c ’eft-là le fonds primitif
des volcans, qui, comme l’on fait, fe trouvent tous
dans les hautes montagnes, où les fentes de la Terre
font d’autant plus grandes, que ces pointes du globe
font plus avancées, plus ifolées ; ce dépôt des matières
volatiles du premier âge aura été prodigieufement augmenté
par l’addition de toutes les matières combuflibles,
dont la formation eft des âges fubféquens. Les pyrites ,
les foufres, les charbons de terre, les bitumes, &c.
ont pénétré dans les cavités de la Terre, & ont produit
prefque par-tout de grands amas de matières inflammables,
& fouvent des incendies qui fe manifeftent par des
tremblemens de terre, par l’éruption des volcans, &
par les fources chaudes qui découlent des montagnes,
ou fourdiflent à l’intérieur dans les cavités de la T erre.
On peut donc prélumer que ces feux fouterreins, dont
les uns brûlent, pour ainfi dire, fourdement & fans
explofion, & dont les autres éclatent avec tant de
violence, augmentent un peu l’effet de la chaleur générale
du globe. Néanmoins cette addition de chaleur
ne peut être que très-petite, car on a obfervé qu’il fait
a très-peu près auffi froid au-deffus des volcans qu’au-
deflus des autres montagnes à la même hauteur , à
l’exception des temps où le volcan travaille & jette au
dehors des vapeurs enflammées ou des matières brûlantes.
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 5 5 9
Cette caufe particulière de chaleur ne me paroît donc
pas mériter autant de confidération que lui en ont donné
quelques Phyficiens.
Il n’en eft pas de même d’une fécondé caufe à
laquelle il femble qu’on n’a pas penfé, c ’eft le mouvement
de la Lune autour de la Terre. Cette planète
fecondaire fait fa révolution autour de nous en 27 jours
un tiers environ, & étant éloignée à 8y mille 32y lieues,
elle parcourt une circonférence de 536 mille 329 lieues
dans cet efpace de temps, ce qui fait un mouvement de
8 1 7 lieues par heure, ou de 13 à 14 lieues par minute;
quoique cette marche fbit peut-être la plus lente de tous
les corps céleftes, elle ne laiffe pas d’être aflez rapide
pour produire fur la Terre qui fert d’effieu ou de pivot
à ce mouvement, une chaleur confidérable par le frottement
qui réfulte de la charge & de la vîteffe de cette
planète. Mais il ne nous eft pas poflible d’évaluer cette
quantité de chaleur produite par cette caufe extérieure,
parce que nous n’avons rien jufqu’ici qui puifl’e nous
fervir d’unité ou de terme de comparaifon. Mais fi l’on
parvient jamais à connoître le nombre, la grandeur & la
vîteffe de toutes les comètes , commemous connoiffons
le nombre, la grandeur & la vîteffe de toutes les planètes
qui circulent autour du Soleil, on pourra juger alors
de la quantité de chaleur que la Lune peut donner
à la Terre, par la quantité beaucoup plus grande de feu
que tous ces vaftes corps excitent dans le Soleil. Et je
ferois fort porté à croire que la chaleur produite par