cette confommation très-confidérable de bois, jointe à
la difficulté de l ’extraétion de la mine, rendroit la choie
impraticable en France, à caufe de la cherté des bois.
Nos mines heureufement n’ont pas belbin d’être grillées,
& il ffiffit de les laver pour les féparer de la terre avec
laquelle elles font mêlées ; la plupart fe trouvent à quelques
pieds de profondeur ; l’exploitation de nos mines fe fait
donc à beaucoup moins de frais, & cependant nous ne
profitons pas,de tous ces avantages, ou du moins nous
n’en avons pas profité jufqu’ici, puifque les Étrangers
nous apportent leurs fers qui leur coûtent tant de peinesI
& que nous les achetons de préférence aux nôtres, for
la réputation qu’ils ont d’être de meilleure qualité.
Ceci tient à une cinquième vérité qui eft plus morale
que phyfique ; c ’eft qu’il eft plus aifé, plus fur & plus
profitable de faire, for-tout en ce genre, de la mauvaifo
marchandifo que de la bonne. Il eft bien plus commode
de foivre la routine qu’on trouve établie dans les forges,
que de chercher a en perfectionner l’art. Pourquoi vouloir
faire du bon fer, difent la plupart des maîtres de forges ;
on ne le vendra pas une piftole au-deffiis du fer commun ,
& il nous reviendra peut-être à trois ou quatre de plus,
fans compter les rifques & les frais des expériences &
des effais qui ne réuffiffient pas tous à beaucoup près?
Malheureufoment cela n’eft que trop vrai, nous ne profiterons
jamais de l’avantage naturel de nos mines, ni
meme de notre intelligence, qui vaut bien celle des
Etrangers, tant que le Gouvernement ne donnera pas à
cet objet plus d’attention, tant qu’on ne fàvorifera pas le
petit nombre de manufaélures où l ’on fait du bon fer, &
qu’on permettra l ’entrée des fers étrangers : il me femble
que l ’on peut démontrer avec la dernière évidence le tort
que cela fait aux Arts & a l’État ; mais je m’éearterois trop
de mon fojet fi j ’entrois ici dans cette difcuffion.
Tout ce que je puis affurer comme une fixième vérité,
c ’eft qu’avec toutes fortes de mines , on peut toujours
obtenir du fer de même qualité ; j’ai fait brûler & fondre
focceffivement dans mon plus grand fourneau, qui a 23
pieds de hauteur, fèpt efpèces de mines différentes, tirées
à deux, trois & quatre lieues de diftance les unes des
autres, dans des terreins tous difïerens, les unes en grains
plus gros que des pois, les autres en grains gros comme
des chevrotines, plomb à lièvre, & les autres plus menues
que le plus petit plomb à tirer ; & de ces fept différentes
efpèces de mine dont j ’ai fait fondre plufieurs centaines
de milliers, j ’ai toujours eu le même fer; ce fer eft bien
connu, non-feulement dans la province de Bourgogne
où font fituées mes forges, mais même à Paris où s’en fait
le principal débit, & il eft regardé comme de très-bonne
qualité. On fèroit donc fondé à croire que j ’ai toujours
employé la même mine, qui toujours traitée de la même
façon, m’auroit conftamment donné le même produit;
tandis que dans le vrai j’ai ufe de toutes les mines que j’ai
pu découvrir, & que ce n’eft qu’en vertu des précautions
& des foins que j’ai pris de les traiter différemment que je
fois parvenu à en tirer un réfultat femblable, & un produit
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