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foivant qu’ils imaginent que leur mine eft trop froide ou
trop chaude, tandis que dans le réel toutes les mines
de fer, du moins toutes les mines en grains font également
fufibles, & ne diffèrent les unes des autres que par les
matières dont elles font mélangées , & point du tout par
leurs qualités intrinsèques qui font abfolument les mêmes ,
& qui m’ont démontré que le fer, comme tout autre
métal, eft un dans la Nature.
On reconnoîtra par les laitiers fi la proportion de la
caltine ou de l ’aubuë que l’on jette au fourneau pèche
par excès ou par défaut ; lorfque les laitiers font trop
légers, fpongieux & blancs, prefque femblables à la
pierre ponce, c ’eft une preuve certaine qu’il y a trop
de matière calcaire ; en diminuant la quantité de cette
matière on verra le laitier prendre plus de folidité, &
former un verre ordinairement de couleur verdâtre qui
file, s’étend & coule lentement au fortir du fourneau.
Si au contraire le laitier eft trop vifqueux, s’il ne coule
que très - difficilement, s’il faut l’arracher du fomrnet de
la dame, on peut être fur qu’il n’y a pas affez de caffine,
ou peut-être pas affez de charbon proportionnellement à
la mine; la confiftance & même la couleur du laitier,
font les indices les plus fûrs du bon ou du mauvais état
du fourneau, & de la bonne ou mauvaife proportion des
matières qu’on y jette; il faut que le laitier coule feul &
forme un ruiffeau lent fur la pente qui s’étend du fomrnet
de la dame au terrein; il faut que fa couleur ne foit pas
d ’un rouge trop v if ou trop foncé, mais d’un rouge pâle
& blanchâtre, & forfiu’il eft refroidi on doit trouver un
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 6 '
verre folide, tranlparent & verdâtre, auffi pefant & même
plus que le verre ordinaire. Rien ne prouve mieux le mauvais
travail du fourneau ou la dilproportion des mélanges
que les laitiers trop légers, trop peians, trop obfcurs; & ceux
dans lefquels on remarque plufieurs petits trous ronds, gros
comme les grains de mine, ne font pas des laitiers proprement
dits, mais dç la mine brûlée qui ne s’eft pas fondue.
Il y a encore plufieurs attentions néceffaires, &
quelques précautions à prendre pour fondre les mines
de fer avec la plus grande économie. Je fois parvenu,
apres un grand nombre d eftais réitérés, a ne confommer
qu’une livre fept onces & demie, ou tout au plus une livre
huit onces de charbon pour une livre de fonte ; car avec
deux mille huit cents quatre-vingts livres de charbon,
lorfque mon fourneau eft pleinement aminé, j ’obtiens
conftamment des gueules de dix-huit cents fokante-
quinze, dix - neuf cents & dix - neuf cents cinquante
livres, & je crois que c ’eft le plus haut point d’économie
auquel on puiffe arriver; carM. Robert, qui, de tous les
maîtres de cet art, eft peut-être celui qui, parle moyen
de fon lavoir, a le plus épuré lès mines', confommoit
néanmoins une livre dix onces de charbon pour chaque
livre de fonte, & je doute que la qualité de fes fontes fût
auffi parfaite que celle des miennes; mais cela dépend,
comme je viens de le dire, d’un grand nombre d’oblèrva-
tions &de précautions dont je vais indiquer les principales.
i . La cheminee du fourneau, depuis la cuve julqu’au
gueulard doit etre circulaire Si non pas à huit pans,