J ’ai d’abord recherché quels étoient fa denfîté & fe
poids du bois de chêne dans les différens âges, quelle
proportion il y a entre la pefanteur du bois qui occupe
fe centre, & la pefanteur du bois de la circonférence r
& encore entre la pefanteur du bois parfait & celle de
l ’aubier, &c. M. Duhamel m’a dit qu’il avoit lait des
expériences à ce fùjet ; l’attention fcrupuleüfé avec laquelle
les miennes ont été laites, me donne lieu de croire qu’elles
fe trouveront d’accord avec les fiennes.
J ’ai lait tirer un bloc du pied d’un chêne abattu le
même jour, & ayant pofé la pointe d’un compas au centre
des cercles annuels, j ’ai décrit une circonférence de cercle
autour de ce centre, & enfliite ayant pôle la pointe du
compas au milieu de l’épailfeur de l’aubier, j’ai décrit un
pareil cercle dans l ’aubier ; j ’ai fait enfuite tirer de ce bloe
deux petits cylindres, l ’un de coeur de chêne, & l ’autre
d ’aubier, & les ayant pofés dans les baffins d’une bonne
balance hydroflatique, & qui penchoit fénfibiement à un
quart de grain, je les ai ajultés en diminuant peu-à-peu le
plus pelant des deux, & lorfqti’ils m’ont paru parfaitement
en équilibre, je les ai pefés, ils pefbient également chacun
371 grains; les ayant enfuite pefés leparément dans l’eau,
où je ne fis que les plonger un moment, j ’ai trouvé que
le morceau de coeurperdoit dans l ’eau 3 17 grains , & le
morceau d’aubier 34.4. des mêmes grains. Le peu de temps
qu’ils demeurèrent dans l’eau, rendit infènfible la différence
de leur augmentation de volume par l’imbibition de l’eau,
qui ell très-différente dans le coeur du chêne & dans
l ’aubier.
Le même jour j ’ai fait faire deux autres cylindres, l ’un
de coeur & l ’autre d’aubier de chêne, tirés d’un autre
b lo c , pris dans un arbre à peu-près de même âge que le
premier & à la même hauteur de terre ; ces deux cylindres
pefoient chacun 1978 grains, le morceau de coeur de
chêne perdit dans l’eau 1635 grains, & le morceau d’aubier
1784.. En comparant cette expérience avec la première,
on trouve que le coeur de chêne ne perd dans cette féconde
expérience que 3 07 ou environ, fur 37 1, au lieu de 3 17 j ;
& de même que l’aubier ne perd fur 371 grains que 330,
au lieu de 34 4, ce qui ell à peu-près la même proportion
entre le coeur & l ’aubier: la différence réelle ne vient que
de la denfîté différente tant du coeur que de l ’aubier du
fécond arbre, dont tout le bois en général étoit plus
folide & plus dur que le bois du premier.
Trois jours après j ’ai pris dans un des morceaux d’un
autre chêne abattu le même jour que les précédens, trois
cylindres, l’un au centre de l’arbre, l ’autre à la circonférence
du coeur, & le troifième à l ’aubier, qui pefbient
tous trois 975 grains dans l ’air, & les ayant pefés dans
1 eau, le bois du centre perdit 873 grains, celui de la
circonférence du coeur perdit 906, & l ’aubier 938 grains.
En comparant cette troifième expérience avec les deux
précédentes, on trouve que 371 grains du coeur du premier
chêne perdant 3 17 grains j , 371 grains du coeur du
fécond chene auroient dû perdre 332. grains à peu-près ;
& de meme que 371 grains d’aubier du premier chêne
perdant 344 grains, 371 grains du fécond chêne auroient
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