2 8 4 Histoire Naturelle.
rature de terrein, & j’ai réuffi au-delà de mes efpérances ;
les racines des jeunes arbres trouvant une terre légère
& aifée à divifer, s’étendent & profitent de tous les lues
qui leur font offerts ; les pluies & les rofées pénètrent
facilement jufqu’aux racines , il ne faut qu’un peu de
couvert & d’abri pour faire réuffir un fomis dans des
terreins de cette efpèce ; mais il efl bien plus difficile
de faire croître du bois dans des terreins forts, & il
faut une pratique toute différente ; dans ces terreins les
premiers labours font inutiles & fouvent nuifibles, la
meilleure manière efl de planter les glands à la pioche
fans aucune culture précédente ; mais il ne faut pas les
abandonner comme les premiers, au point de les perdre
de vue & de n’y plus penfer, il faut au contraire les vifiter
fouvent ; il faut obferver la hauteur à laquelle ils fe feront
élevés la première année, obferver enfuite s’ils ont pouffé
plus vigoureuièment à la féconde année qu’à la première,
& à la troifième qu’à la féconde : tant que l’accroiffement
va en augmentant ou même tant qu’il fe foutient fur le
même pied, il ne faut pas y toucher, mais on s’apercevra
ordinairement à la troifième année que l’accroiffement va
en diminuant, & fi on attend la quatrième, la cinquième,
la fixième, &c. on reconnoîtra que l ’accroiffement de
chaque année efl toujours plus petit; ainfi dès qu’on
s’apercevra, que fàns qu’il y ait eu de gelées ou d’autres
accidens, les jeunes arbres commencent à croître de moins
en moins, il faut les faire couper jufqu’à terre au mois de
mars, & l’on gagnera un grand nombre d’années. Le
Partie expérimentale. 2 8 5
jeune arbre livré à lui-même dans un terrein fort & ferré
ne peut ^étendre fés racines, la terre trop dure les fait
refouler fur elles-mêmes, les petits filets tendres & herbacés
qui doivent nourrir l’arbre & former la nouvelle
production de l’année, ne peuvent pénétrer la fubftance
trop ferme de la terre ; ainfi l’arbre languit privé de nourriture
, & la production annuelle diminue fouvent jufqu’au
point de ne donner que des feuilles & quelques boutons.
Si vous coupez cet, arbre, toute la force de la sève fe
porte aux racines, en développe tous les germes, & agiffant
avec plus de puiffance contre le terrein qui leur réfifle, les
jeunes racines s’ouvrent des chemins nouveaux, & divifént
par le furcroît de leur force, cette terre qu’elles avoient
jufou’alors vainement attaquée, elles y trouvent abondamment
des focs nourriciers ; & dès qu’elles font établies
dans ce nouveau pays, elles pouffent avec vigueur au-
dehors la furabondance de leur nourriture, & produifent
dès la première année un jet plus vigoureux & plus é|evé
que ne l’étoit l’ancienne tige de trois ans. J ’ai fi fouvent
réitéré cette expérience que je dois la donner comme
un fait fo r , & comme la. pratique la plus utile que je
connoiffe dans la culture des bois.
Dans un terrein qui n’efl que ferme fans être trop
dur, il foffira de receper une feule fois les jeunes plants
pour les faire réuffir. J ’ai des cantons affez confidérables
d’une terre ferme & paîtriffable, où les jeunes plants n’ont
été coupés qu’une fois, où ils croiffent à merveille, &
où j’aurai du bois taillis prêt à couper dans quelques