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à la même expofition, coupé à la même hauteur d’un
pied & demi au - deffus de la furface du terrein , avoit
groffi du côté du midi plus que du côté du nord. II
a fait fouiller au pied, & il a trouvé qu’il y avoit une
groffe racine du côté du midi, & qu’il n y en paroilfoit
point du côté du nord.
E x p é r i e n c e X .
U n autre chêne de même efpèce, mais âgé de
foixante ans, & abfolument ifolé, avoit plus grolfi du
côté du nord que d’aucun autre côté. En fouillant il a
trouvé que la plus groffe racine étoit du côté du nord.
Je pourrais joindre à ces obfervations beaucoup
d’autres pareilles que M. de Buffon a fait exécuter en
Bourgogne, de même qu’un grand nombre que j ’ai faites
dans la forêt d’Orléans, qui fè montent à l’examen de
plus de quarante arbres, mais dont il m’a paru inutile
de donner le détail. II fuffit de dire qu’elles décident
toutes que l’afpeét du midi ou du nord, n’ell point du
tout la caufe de l’excentricité des couches ligneulès,
mais qu’elle ne doit s’attribuer qu’à la pofition des racines
& des branches, de forte que les couches ligneufes font
toujours plus épaiffes du côté où il y a plus de racines
ou de plus vigoureufes. Il ne faut cependant pas manquer
de rapporter une expérience que M. de Buffon a faite,
& qui eft abfolurnent décifive.
Il choifit ce même jour 29 mars, un chêne ifolé,
auquel il avoit remarqué quatre racines à peu-près égales
& dilpofées
& dilpofées affez régulièrement, en forte que chacune
répondoit à très-peu près à un des quatre points cardinaux,
& l’ayant fait couper à un pied & demi au-deffus
de la forface du terrein , il trouva, comme il le foupçon-
noit, que le centre des couches ligneulès coïncidoit avec
celui de la circonférence de l’arbre, & que par confé-
quent il avoit groffi de tous côtés également.
C e qui nous a pleinement convaincu que la vraie caufo
de l’excentricité des couches ligneufes eft la pofition des
racines, & quelquefois des branches, & que fi l’alpeél
du midi ou du nord, &c. influe for les arbres pour les
faire groffir inégalement, ce ne peut être que d’une manière
infonfible, puilque dans tous ces arbres, tantôt
c ’éto'it les couches ligneufes du côté du midi qui étoient
les plus épaiffes, & tantôt celles du côté du nord ou de
tout autre côté, & que quand nous avons coupé des
troncs d’arbres à différentes hauteurs, nous avons trouvé
les couches ligneulès, tantôt plus épaiffes d’un cô té ,
tantôt d’un autre.
Cette dernière obforvation m’a engagé à faire fendre
plufieurs corps d’arbres par le milieu. Dans quelques-uns
le coeur ftiivoit à peu-près en ligne droite l’axe du tronc ;
mais dans le plus grand nombre, & dans les bois même
les plus parfaits & de la . meilleure fente, il fàifoit des
inflexions en forme de zigzag; outre cela, dans le centre
de prefque tous les arbres, j’ai remarqué aufli-bien que
M. de Buffon, que dans une épaiffeur d’un pouce ou
un pouce & demi vers le centre, il y avoit plufieurs petits
Supplément. Tome II . R r