z 6 6 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
pouvoir afïurer que pour fèmer une terre forte & glaifèufè,
il faut confèrver le gland pendant l’hiver dans la terre,
en faifant un lit de deux pouces de glands fur un lit de
terre d’un demi-pied, puis un lit de terre & un lit de
glands, toujours alternativement, & enfin en couvrant
le magafin d’un pied de terre pour que la gelée ne puilfe
y pénétrer. On en tirera le gland au commencement de
mars , & on le plantera à un pied de diftancë. Ces glands
qui ont germé, font déjà autant de jeunes chênes, &
le luccès d’une plantation faite de cette façon n’ell pas
douteux ; la dépenfe même n’efl pas confidérable, car
il ne faut qu’un feul labour. Si l’on pouvoit fe garantir
des mulots & des oifeaux, on réuffiroit tout de même
& fans aucune dépenfe, en mettant en automne le gland
fous l’herbe, car il perce & s’enfonce de lui-même,'&
réufïit à merveille fans aucune culture dans les friches
dont le gazon efl fin , ferré & bien garni, ce qui indique
prefque toujours un terrein ferme & glaifeux.
Comme je penfè que la meilleure façon de fèmer du
bois dans un terrein fort & mêlé de glaife, efl de faire
germer les glands dans la terre ; il efl bon de raffiner
fur le petit inconvénient dont j ’ai parlé. On tranfporte
le gland germé dans des manequins , des corbeilles , des
paniers, & on ne peut éviter de rompre la radicule de
plufieurs de ces glands, mais cela ne leur fait d’autre
mal que de retarder leur fbrtie de terre de quinze jours
ou trois .fontaines, ce qui même n’efl pas un mal, parce
qu’on évite par-là celui que la gelée des matinées de mai
fait aux graines qui ont levé de bonne heure, & qui efl
bien plus confidérable. J ’ai pris des glands germés auxquels
j’ai coupé le tiers, la moitié, les trois quarts, &
même toute la radicule ; je les ai femés dans un jardin
où je pouvois les obfèrver à toute heure, ils ont tous
levé, mais les plus mutilés ont levé les derniers. J ’ai
femé d’autres glands germés auxquels, outre la radicule,
j’avois encore ôté l’un des lobes, ils ont encore levé;
mais fi on retranche les deux lobes, ou fi l’on coupe la
plume, qui efl la partie elfentielle de l’embryon végétal,
ils périffent également.
Dans l ’autre moitié de mon terrein, dont je n’ai pas
encore parlé, il y a un canton dont la terre efl bien
moins forte que celle que j’ai décrite, & où elle efl même
mêlée de quelques pierres à un pied de profondeur;
c’étoit un champ qui rapportoit beaucoup de grain, &
qui avoit été bien cultivé. Je le fis labourer avant l ’hiver;
& aux mois de novembre, décembre & février, j’y
plantai une collection nombreufè de toutes les efjièces
d’arbres des forêts, que je fis arracher dans mes bois
taillis de toute grandeur, depuis trois pieds jufqu’à dix
& douze de hauteur. Une grande partie de ces arbres
n’a pas repris, & de ceux qui ont pouffé à la première
sève, un grand nombre a péri pendant les chaleurs du
mois d’août, plufieurs ont péri à la fécondé, & encore
d’autres la troifième & la quatrième année ; de forte que
de tous ces arbres , quoique plantés & arrachés avec foin,
& même avec des précautions ■ peu communes, il ne
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