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bois plufieurs petits bouquets quarrés fans les abattre, &
qui étoient orientés de façon que chaque face regardoit
exactement le midi, le nord,, le levant & le couchant.
Après avoir bien fait nettoyer la coupe | il a obfervétavec
foin au printemps l’accroiffement du jeune bourgeon,
principalement autour des bouquets refervés ; au 20 avril
il avoit pouffé fenfiblement dans les endroits expofés au
midi, & qui par conféquent étoient à l’abri du vent du
nord par les bouquets; c ’eft donc en cet endroit que
les bourgeons poufsèrent les premiers & parurent les plus
vigoureux. Ceux qui étoient à l’expofition du levant,
parurent enfùite, puis ceux de l’expofitian du couchant,
& enfin ceux de l’expofition du nord.
Le 28 avril, la gelée fe fit fentir très - vivement le
matin, par un vent du nord, le ciel étant fort ferein &
l ’air fort fec, fùr-tout depuis trois jours.
Il alla voir en quel état étoient les bourgeons autour
des bouquets, & il les trouva gâtés & abfolument
noircis dans tous les endroits qui étoient expofés au midi
& à l’abri du vent du nord, au lieu que ceux qui
étoient expofés au vent froid du nord qui fouffloit encore,
n’étoient que légèrement endommagés, & il fit la même
obfervation autour de tous les bouquets qu’il avoit fait
réfèrver, A l’égard des expofitions du levant & du
couchant, elles étoient ce jour-là à peu-près également
endommagées.
Les 14 , 15 & 2 2 mai, qu’il gela affez vivement par
les vents de nord & de nord - nord - oueft, il obferva
Par t i e e x p ér iment a l e . 343
pareillement que tout ce qui étoit à l’abri du vent par
les bouquets, étoit très-endommagé, tandis que ce qui
avoit été expofé au vent, avoit très-peu fouffert. Cette
expérience nous paroît décifive, & fait voir que quoiqu’il
gèle plus fort aux endroits expofés au vent du nord
qu’aux autres, la gelée y fait cependant moins de tort
aux végétaux.
C e fait eft affez oppofé au préjugé ordinaire, mais
il n’en eft pas moins certain, & même il eft aifé à
expliquer ; il fuffit pour cela de faire attention aux cir-
conftances dans lefquelles la gelée agit, & on reconnoîtra
que l’humidité eft la principale caufe de fes effets, en
forte que tout ce qui peut occafionner cette humidité,
rend en même temps la gelée dangereufe pour les végétaux
, & tout ce qui diffipe l’humidité, quand même
ce feroit en augmentant le froid, tout ce qui defsèche
diminue les défordres de la gelée. Ce fait va être confirmé
par quantité d’obfèrvations.
Nous avons fouvent remarqué que dans les endroits
bas, & où il règne des brouillards, la gelée fe fait fentir
plus vivement & plus fouvent qu’ailleurs.
Nous avons, par exemple, vu en automne & au
printemps les plantes délicates gelées dans un jardin
potager qui eft fitué fur le bord d’une rivière, tandis
que les mêmes plantes fe confervoient bien dans un
autre potager qui eft fitué fur la hauteur ; de même
dans les vallons & les lieux bas des forets, le bois
n’eft jamais d’une belle venue, ni d’une bonne qualité,