pourroit faire dès demain, en profcrivant l’entrée des fers
étrangers dans le royaume, ou en diminuant les droits
de la marque des fers.
Si l’on veut donc avoir, je ne dis pas de la fonte
parfaite & telle qu’il la faudroit pour les canons de la
marine, mais feulement de la fonte affez bonne pour
faire du fer liant, moitié nerf & moitié grain , du fer en
un mot auffi bon & meilleur que les fers étrangers; on
y parviendra très-aifément par les procédés que je viens
d’indiquer. On a vu dans le quatrième Mémoire, où j’ai
traité de la ténacité du fe r , combien il y a de différence
pour la force & pour la durée entre le bon & le mauvais
fe r , mais je me borne dans celui-ci à ce qui a rapport
à la fufion des mines & à leur produit en fonte: pour
m’affurer de leur qualité & reconnoître en même temps
fi elle ne varie pas, mes gardes-fourneaux ne manquent
jamais de faire un petit enfoncement horizontal d’environ
trois pouces de profondeur à l’extrémité antérieure du
moule de la gueufè ; on caffe le petit morceau lorfqu’on la
fort du moule, & on l’enveloppe d’un morceau de papier
portant le même numéro que celui de la gueufè ; j’ai de
chacun de mes fondages deux ou trois cents de ces morceaux
numérotés, par lefquels je connois non-feulement
le grain & la couleur de mes fontes, mais auffi la différence
de leur pefànteur fpécifique, & par-là je fuis en état
de prononcer d’avance for la qualité du fer que chaque
gueufe produira; car quoique la mine foit la même & qu’on
foive les mêmes procédés au fourneau, le changement
P a r t i e e x p é r i m e n t a l e . 7 7
de la température de l’air, le hautement ou le baiffement
des eaux, le jeu des foufflets plus ou moins foutenu, les
retardemens caufes par les glaces ou par quelque accident
aux roues, aux harnois ou à la tuyère, & au creufet du
fourneau, rendent la fonte affez différente d’elle-même,
pour qu’on foit forcé d’en faire un choix fi l’on veut
avoir du fer toujours de même qualité. En général il faut
pour qu’il foit de cette bonne qualité, que la couleur de
la fonte foit d’un gris un peu brun, que le grain en foit
prefque auffi fin que celui de l ’acier commun , que le
poids fpécifique foit d’environ y04 ou yoy livres par pied
cube, & qu’en même temps elle foit d’une fi grande réfif-
tance, qu’on ne pùiffe caffer les gueules avec la maffe.
Tout le monde fait que quand on commence un
fondage, on ne met d’abord qu’une petite quantité de mine,
un fixième, un cinquième & tout au plus un quart de la
quantité qu’on mettra dans la fuite, & qu’on augmente peu-
à-peu cette première quantité pendant les premiers jours,
parce qu’il en faut au moins quinze pour que le fond du
fourneau foit échauffé ; on donne auffi affez peu de vent
dans ces commencemens, pour ne pas détruire le creufet &
les étalages du fourneau en leur faifànt fobir une chaleur
trop vive & trop fubite ; il ne faut pas compter for la qualité
des fontes que l’on tire pendant ces premiers quinze ou
vingt joprs ; comme le fourneau n’eft pas encore réglé, le
produit en varie foivant les différentes circonflances, mais
lorfque le fourneau a acquis le degré de chaleur foffifant, il
faut bien examiner la fonte & s’en tenir à la quantité de