5 2 4 H i s t o i r e N a t u r e l l e .
pourrait dès-lors s’approcher & même s’emparer du
domaine d’un autre. Si fa marche; fe trouvoit dirigée
vers un aftre plus foibie, il commencerait par lui enlever
les'fujets, de fes provinces les plus éloignées, enfuite ceux
des proyinces intérieures, il les forcerait tous à augmenter
fon corfége en circulant autour de lui, & ion voifin
dès-lors dénué de fes fujets, n’ayant plus ni planètes ni
comètes, perdrait en même temps fa lumière & fon feu,
queileur mouvement fèul peut exciter & entretenir ; dès-
lors cet aftre ifolé n’étant plus maintenu dans fa place
par L’équilibre des forces, feroit contraint de changer
de lieu en changeant de nature, & devenu corps obfcur
obéirait cam/ne les autres à la puiiïance du conquérant,
dont le feu augmenterait à proportion du nombre de
fes conquêtes'.!
Car que ; peut-on dire fur la nature du Soleil, finon
que c ’eft un corps-d’un prodigieux volume, une malfe
énorme de.matière: pénétrée de feu, qui paraît ftibfifter
fans aliment comme- dans un métal fondu, ou dans un
corps folide en incandefcence î & d’où peut venir cet
état confiant d’incandefcence, cette production toujours
renouvelée d’un feu dont la confommation ne paroît
entretenue par aucun aliment, & dont la déperdition eft
nulle ou du moins infènfible, quoique confiante depuis
un fi grand nombre de fiècles î Y a-t-il, peut-il même
y avoir une autre eau fe de ja production & du maintien
de ce feu permanent, finon le mouvement rapide de la
forte preffion de tous; les corps qui circulent autour de
ce foyer commun, qui l'échauffent & l ’embrafènt,
comme une roue rapidement tournée embraie fon eflîeu î
La preffion qu’ils exercent en vertu de leur pefànteur
équivaut au frottement, & même eft plus puiflante, parce
que cette preffion eft une force pénétrante, qui frotte
non - feulement la fùrface extérieure, mais toutes les
parties intérieures de la malle ; la rapidité de leur
mouvement eft fi grande que le frottement acquiert une
force prefque infinie, & met néceffairement toute la
maffe de l’effieu dans un état d’incandefcence, de
lumière, de chaleur & de feu, qui dès-lors n’a pas
befoin d’aliment pour être entretenu, & qui malgré la
déperdition qui s’en fait chaque jour par l ’émiffion de
la lumière, peut durer des fiècles de fiècles fans atténuation
fenfible; les autres foleils rendant au nôtre autant
de lumière qu’il leur en envoie, & le plus petit atome
de feu ou d’une matière quelconque ne pouvant fe perdre
nulle part dans un fyftème où tout s’attire.
Si de cette efquiffe du grand tableau des cieux que
je n’ai tâché de tracer, que pour me repréfenter la proportion
des efpaces & celle du mouvement des corps
qui les parcourent; fi de ce point de vue auquel je ne me
fuis élevé que pour voir plus clairement combien la
Nature doit être multipliée dans les differentes régions de
l ’Univers, nous defeendons à cette portion de l ’efpace qui
nous eft mieux connue, & dans laquelle le Soleil exerce
fa puiffance; nous reconnoîtrons que quoiqu’il régiffe
par la force tous les corps qui s’y trouvent, il n’a pas