toujours pour une même longueur & grofleur fait rompre
trois ou quatre pièces pareilles, afin d’être afliiré de leur
force refpeétive.
La première remarque que j’ai faite, c’eft que le bois
ne calfe jamais fans avertir, à moins que la pièce ne foit
fort petite ou fort sèche ; le bois vert caffie plus difficilement
que le bois fo c , & en général le bois qui a du
reflbrt, réfifte beaucoup plus que celui qui n’en a pas:
l ’aubier, le bois des branches, celui du fommet de la tige
d ’un arbre, tout le bois jeune eft moins fort que le bois
plus âgé. La force du bois n’elt pas proportionnelle à fort
volume ; une pièce double ou quadruple d’une autre pièce
de même longueur, eft beaucoup plus du double ou du
quadruple plus forte que la première ; par exemple, il ne
faut pas quatre milliers pour rompre une pièce de i o pieds
de longueur & de 4. pouces d’équarriffiage, & il en faut dix
pour rompre une pièce double ; il faut yingt-fix milliers
pour rompre une pièce quadruple, c ’eft-à-dire, une pièce
de 1 o pieds de longueur ffir 8 pouces d’équarriffage. Il en
efl: de même pour la longueur, il femble qu’une pièce de
8 pieds & de même groflfeur qu’une pièce de 1 6 pieds,
doit par les règles de la mécanique, porter jufte le double;
cependant elle porte beaucoup moins. Je pourrais donner
les raifons phyfiques de tous ces faits , mais je me borne à
donner des faits ; le bois qui, dans le même terrein , croît
le plus vite, efl: le plus fort ; celui qui a crû lentement,
& dont les cercles annuels, c ’e ft -à -d ire , les couches
ligneufes font minces, eftplus foible que l’autre.
J ’ai trouvé que la force du bois eft proportionnelle à
fà pefanteur, de forte qu’une pièce de même longueur &
grofleur, mais plus pelante qu’une autre pièce, fera auffi plus
forte à peu-près en même raifon. Cette remarque donne
les moyens de comparer la force des bois qui viennent de
différens pays & de différens terreins, & étend infiniment
l ’utilité de mes expériences; car lorfqu’il s’agira d’une
conftruétion importante ou d’un ouvrage de conféquence,
on pourra aifément, au moyen de ma T ab le , & en pelant
les pièces, ou lèulement des échantillons de ces pièces,
s’aflurer de la force du bois qu’on emploie, & on évitera
le double inconvénient d’employer trop où trop peu de
cette matière, que fouventon prodigue mal-à-propos, &
que quelquefois on ménage avec encore moins de raifon.
On forait porté à croire qu’une pièce qui, comme dans
mes expériences, eft pofée librement fur deux tréteaux,
doit porter beaucoup moins qu’une pièce retenue par les
deux bouts, & infixée dans une muraille, comme font
les poutres & les folives d’un bâtiment; mais fi on fait
réflexion qu’une pièce que je luppofe de 24. pieds de
longueur, en baiflant de 6 pouces dans fon milieu, ce qui
eft fouvent plus qu’il n’en faut pour la faire rompre, ne
haufle en même temps que d’un demi-pouce à chaque
bout, & que même elle ne haufle guère que de 3 lignes,
parce que la charge tire le bout hors de la muraille, fouvent
beaucoup plus qu’elle ne le fait haufler ; on verra bien que
mes expériences s’appliquent à la pofition ordinaire des
poutres dans un bâtiment : la force qui les fait rompre ea