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fimplement leurs productions, & s oppofent a leurs
accroiffemens. C ’eft ce qui fera plus amplement prouvé
dans la fuite de ce Mémoire.
Mais nous ferons voir en même temps qu’elles agiffent
dans des circonflances bien différentes , & que ce ne font
pas toujours les terroirs, les expofitions & les fituations
où l’on remarque que les gelées d’hiver ont produit de
plus grands défordres ,* qui fouffrent le plus des gelées
du printemps.
On conçoit bien que nous n’avons pas pu parvenir
à faire cette diftinction des effets de la gelée, qu’en
raffemblant beaucoup d’obfervations, qui rempliront la
plus grande partie de ce Mémoire. Mais feraient- elles
fimplement curieufes, & n’auroient-elles d’utilité que
pour ceux qui voudroient rechercher la caufe phyfique
de la gelée! Nous efpérons de plus qu’elles feront profitables
à l ’Agriculture, & que fi elles ne nous mettent pas
à portée de nous garantir entièrement des torts que nous
fait la gelée, elles nous donneront des moyens pour en
parer une partie 3 c ’eft ce que nous aurons foin de faire
fentir, à mefure que nos obfervations nous en fourniront
l ’occafion. Il faut donc en donner le détail, que nous
commencerons par ce qui regarde les grandes gelées
d’hiver, nous parlerons enfuite des gelées du printemps.
Nous ne pouvons pas raifonner avec autant de certitude
des gelées d’hiver que de celles du printemps,
parce que, comme nous l ’avons déjà dit, on efl affez
heureux pour n’éprouver que rarement leurs trilles effets.
La
La plupart des arbres étant dans cette fàifon, dépouillés
de fleurs, de fruits & de feuilles, ont ordinairement leurs
bourgeons endurcis & en état de fupporter des gelées
affez fortes, à moins que l’été précédent n’ait été frais;
car en ce cas les bourgeons n’étant pas parvenus à ce
degré de maturité que les Jardiniers appellent aoûtés, ils
font hors d’état ,de réfifler aux plus médiocres gelées,
d’hiver; mais ce n’efl pas l’ordinaire, & le plus fbuvent les
bourgeons mûriffent avant l’hiver, & les arbres fupportent
les rigueurs de cette fàifon fans en être endommages, a
moins qu’il ne vienne des froids exceffifs, joints a des
circonflances fâcheufes, dont nous parlerons dans la fuite.
Nous avons cependant trouvé dans les forêts beaucoup
d’arbres attaqués de défauts confidérables, qui ont certainement
été produits par les fortes gelées dont nous
venons de parler , & particulièrement par celle de 1709;
car quoique cette énorme gelée commence à être affez
ancienne, elle a produit dans les arbres quelle na pas
entièrement détruits, des défauts qui ne s effaceront
jamais.
Ces défauts font, i.° des gerces qui friivent la
direétion des fibres, & que les gens de forêts appellent
gcliyurés :
2.° Une portion de bois mort renfermée dans le
bon bois, ce que quelques forefliers appellent la gellvurt
entrelardée.
Enfin le double aubier qui efl une couronne entière
de bois imparfait, remplie & recouverte par de bon bois,
Supplément. Tome I L T t