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feu; & néanmoins ces deux grands Philofophes n’ayoient
pas, à beaucoup près, autant de faits, autant d’obforva-
tions qu’on en a rafTemblés & acquis de nos jours, ces
faits font actuellement en fi grand nombre & fi bien
conftatés, qu’il me paroît plus que probable, que la
Terre , ainfi que les Planètes, ont été projetées hors du
Soleil, & par conféquent compofoes de la même matière,
qui d’abord étant en liquéfaétion, a obéi à la force centrifuge
en même temps qu’elle fo raffembloit par celle de
l’attraction ; ce qui a donné à toutes les Planètes la forme
renflée fous l’Equateur, & aplatie fous les pôles, en raifon
de la vîteffe de-leur rotation; qu’enfuite ce grand "feu
s’étant peu à peu diffipé, l’état d’une température bénigne
& convenable à la Nature organifée a fuccédé ou
plus tôt ou plus tard dans les différentes Planètes, fùivant
la différence de leur épaiffeur & de leur denfité. Et quand
même il y aurait pour la Terre & pour les Planètes
d’autres caufès particulières de chaleur qui fo combineraient
avec celles dont nous avons calculé les effets, nos
réfultats n’en font pas moins curieux, & n’en forant que
plus utiles à l ’avancement des Sciences. Nous parlerons
ailleurs de ces caufos particulières de chaleur; tout ce
que nous en pouvons dire ici, pour ne pas compliquer
les objets, c’eft que ces caufos particulières pourront
prolonger encore le"temps du refroidiffement du globe
& la durée de la Nature vivante, au - delà des termes
que nous avons indiqués.
Mais, me dira-t-on, votre théorie eft-elle également
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bien fondée dans tous les points qui lui fervent de bafo !
il eft vrai, d’après vos expériences, qu’un globe gros
comme la Terre & compofé des mêmes matières, ne
pourrait fo refroidir, depuis l ’incandefoence à la température
actuelle, qu’en 7 4 mille ans, & que pour
l ’échauffer jufqu’à l’incandefoence, il faudrait la quinzième
partie de ce temps, c ’e fl-à -d ire, environ cinq
mille ans, & encore faudroit-il que ce globe fût environné
pendant tout ce temps du feu le plus violent ; dès-lors il
y a , comme vous le dites, de fortes préfomptions que
cette grande chaleur de la Terre n’a pu lui être communiquée
de loin, & que par conféquent la matière terreflre
a fait autrefois partie de la maffe du Soleil ; mais il ne paroît
pas également prouvé que la chaleur de cet aflre fur la
T e r re , ne foit aujourd’hui que ~ de la chaleur propre du
globe. Le témoignage de nos fons fomble fo refufor a cette
opinion que vous donnez comme une vérité confiante, &
quoiqu’on ne puifle pas douter que la Terre n’ait une
chaleur propre qui nous eft démontrée par fa température
toujours égale dans tous les lieux profonds ou le froid
de l’air ne peut communiquer, en réfulte-t-il que cette
chaleur qui ne, nous paroît être qu’une température médiocre
, foit néanmoins cinquante fois plus grande que
la chaleur du Soleil qui fomble nous brûler!
Je puis fatisfaire pleinement à ces objeétions, mais
il faut auparavant réfléchir avec moi fur la nature de nos
fonfations. Une différence très-légère, & fouvent imperceptible
dans la réalité ou dans la mefure des caufos qui
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