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la mine relie nette & allez pure pour qu’on la puifle
fondre avec économie. Mais ces mines, dont les grains
font plus gros & plus durs que ceux des fables ou petits
cailloux qui y font mélangés, font allez rares. Des lèpt
efjaèces de mine que j ’ai eu occafion de traiter, il ne
s’en ell trouvé qu’une qui fût dans le cas d’être lavée
à ce lavoir, que j’ai fait exécuter & qui a bien réuffi ;
cette mine ell celle qui ne contenoit que du fable calcaire,
qui communément ell moins dur que le grain de la mine.
J ’ai néanmoins obforvé que les râbles de fer en frottant
contre le fond du lavoir qui ell aulfi de fe r , ne lailfoient
pas d’écralèr une allez grande quantité de grains de mine,
qui dès-lors palfoient avec le làble & tomboient en pure
perte fous le lavoir, & je crois cette perte inévitable dans
les lavoirs foncés de fer. D ’ailleurs la quantité de calline
que M. Robert étoit obligé de mêler à lès mines, & qu’il
dit être d’un tiers de la mine (d ) , prouve qu’il relloit
encore après le lavage une portion conlidérable de fablon
vitrifiable, ou de terre vitrefcible dans lès minés ainli
lavées ; car il n’auroit eu befoin que d’un fixième ou
même d’un huitième de calline fi les mines eulfent été
plus épurées, c ’ell-à-dire, plus dépouillées de la terre
grade ou du fable vitrifiable qu’elles contenoient.
Au relie il n’étoit pas poffible de fe fervir de ce même
lavoir pour les autres fix elpèces de mines que j ’ai eu à
traiter ; de ces fix , il y en avoit quatre qui lè font trouvées
(d) Méthode pour laver les raines de kr, pages 12 & 1 g.
mêlées
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mêlées d’un fablon vitrefoible aulfi dur & même plus dur,
& en même temps plus gros ou aulfi gros que les grains
de la mine. Pour épurer ces quatre elpèces de mine,
je me fois fervi de lavoirs ordinaires & foncés de bois
plein, avec un courant d’eau plus rapide qu’à l ’ordinaire;
on les palfoit neuf fois.de fuite à l’eau, & à mefore
que le courant vif de l’eau emportoit la terre & le fablon
le plus léger & le plus petit, on faifoit palfer la mine
dans des cribles de fil-de-fer alfez ferrés, pour retenir
tous les petits cailloux plus gros que les grains de la mine.
En lavant ainfi neuf fois & criblant trois fois , on parvenoit
à ne laiffer dans'ces mines qu’environ un cinquième ou
Un fixième de ces petits cailloux ou fàblons vitrefoibles,
& c ’étoient ceux qui,»étant de la même groffeur que les
grains de la mine, étoient auffi de la même pefànteur,
en forte qu’on ne pouvoit'les féparer ni par le lavoir ni
par le crible. Après cette première préparation, qui efl
tout ce qu’on peut faire par le moyen du lavoir & des
cribles à l ’eau, la mine étoit affez nette pour pouvoir être
mife au fourneau ; & comme elle étoit encore mélangée
d’un cinquième ou d'un fixième de matières vitrefoibles,
on pouvoit la fo n d re avec un quart de calline ou matière
calcaire, & en obtenir de très-bon fer en ménageant les
charges, c ’eft-à-dire, en mettant moins de mine que l ’on
n’en met ordinairement: mais comme alors on ne fond
pas à profit , parce qu’on ufe une grande quantité de
charbon, il faut encore tâcher d’épurer fà mine avant
de la jeter au fourneau. On ne pourra guère en venir à
Supplément. Tome II . H