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T R E I Z I È M E M É M O I R E .
r e c h e r c h e s
D e la caufe de Vexcentricité des couches ligneufes qu’on
aperçoit quand on coupe horizontalement le tronc d ’un
arbre; de l ’inégalité d ’épaffeur, & du différent
nombre de ces couches, tant dans le lo is formé que
dans l ’aubier.
Par M.rs D u h a m e l & d e B u f f o n .
O n ne peut travailler plus utilement pour la Phyfique,
qu’en conftatant des faits douteux, & en établiffant la
vraie origine de ceux qu’on attribuoit fans fondement à
des caufes imaginaires ou infuffifantes. C ’eft dans cette
vue que nous avons entrepris, M. de Buffon & ,mo i,
plufieurs recherches d’Agriculture ; que nous avons, par
.exemple, lait des obfervations & des expériences fur l’ac-
croiffement & l ’entretien des arbres, fur leurs maladies
& fur leurs défauts, for les plantations & for le rétablif-
fement des forêts, &c- Nous commençons, à rendre
compte à l’ Académie du foccès de ce travail, par l ’examen
d’un fait dont prefque tous les auteurs d’Agriculture font
.mention, mais qui n’a été (nous n’héfitons pas de le dire)
qu’entrevu , & qu’on a pour cette raifon attribué à des
caufes qui font bien éloignées de la vérité.
Tout le monde fait que quand on coupe horizontalement
le
le tronc d’un chêne; par exemple, on aperçoit dans le
coeur & dans l ’aubier des cercles ligneux qui l ’enveloppent;
ces cercles font féparés les uns des autres par
d’autres cercles ligneux d’une fubltance plus rare, & ce
font ces derniers qui diftinguent & féparent la crue de
chaque année : il eft naturel de penfer que fans des
accidens particuliers, ils devraient être tous a peu-pres
d’égale épaiffeur, & également éloignés du centre.
Il en ell cependant tout autrement, & la plupart des
auteurs d’Agriculture, qui ont reconnu cette différence,
l’ont attribuée à différentes caufes, & en ont tiré diverfos
eonféquences ; les uns, par exemple, veulent qu’on ob-
ferve avec foin la fituation des jeunes arbres dans les
pépinières, pour les orienter dans la place qu’on leur
deltine , ce que les Jardiniers appellent/A«;«' à la bouffie;
ils foutiennent que le côté de l’arbre qui étoit oppofé
au Soleil dans la pépinière foufïre immanquablement de
fon aélion lorfqu’il y ell expofé.
D ’autres veulent que les cercles ligneux de tous les
arbres foient excentriques, & toujours plus éloignés du
centre ou de l’axe du tronc de l ’arbre du côté du midi
que du côté du nord, ce qu’ils propofent aux voyageurs
qui feroient égarés dans les forêts, comme un moyen
affuré de s’orienter & de retrouver leur route.
Nous avons cru devoir nous alfurer par nous-memes
de ces deux faits; & d’abord pour reconnoître fi les
arbres tranlplantés fouffrent lorlqu’ils fo trouvent à une
fituation contraire à celle qu’ils avoient dans la pépinière,
Supplément. Tome I I Q q