bout qu’en la fai/ânt vanner & cribler à l ’air, comme
l’on vanne crible le blé. J ’ai foparé par ces moyens
encore plus d’une moitié des matières hétérogènes qui
reftoient dans mes mines, & quoique cette dernière opération
foit longue & même allez difficile à exécuter en
grand, j ’ai reconnu, par l ’épargne du charbon, qu’elle
étoit profitable ; il en coûtoit vingt fous pour vanner &
cribler quinze cents pelant de mine, mais on épargnoit
au fourneau trente-cinq fous de charbon pour la fondre :
je crois donc que quand cette pratique fora connue, on
ne manquera pas de l ’adopter. La foule difficulté qu’on
y trouvera, c’elt de faire fécher alfez les mines pour les
faire palier aux cribles & les vanner avantageufoment. Il
y a très - peu de matières qui retiennent l’humidité auffi
long-temps que les mines de fer en grain (e). Une foule
pluie les rend humides pour plus d’un mois ; il faut donc
des hangards couverts pour les dépofor, il faut les étendre
par petites couches de trois ou quatre pouces d’épailfeur,
les remuer, les expofor au foleii,. en un mot les lécher
autant qu’il eft poffible ; fans cela le van ni le crible né
peuvent faire leur effet. C e n’ell qu’en été qu’on peut
(e) Pour reconnoitre la quantité
d’humidité qui réfide dans la mine
de fer, j ’ai fait fécher, & pour ainfi
dire, griller dans un four très-
chaud , trois cents livres de celle
qui avoit été la mieux lavée, & qui
s’étoit déjà féchée à l’air; & ayant
pefé cette mine au fortir du four,
elle ne pefoit plus que deux centSi
cinquante - deux livres; ainfi la
quantité de la matière humide ou
volatile que la chaleur lui enlève,
eft à très-peu près d’un fixième de
fon poids total, & je fuis perfuadé
que fi on la grilloit à un feu plus
violent, elle perdrait encore plus.
y travailler, & quand il s’agit de faire paffer au crible
quinze ou dix-huit cents milliers de mine que l’on brûle
au fourneau dans cinq ou fix mois, on font bien que
le temps doit toujours manquer, & il manque en effet ;
car je n’ai pu, par chaque été, faire traiter ainfi qu’environ
cinq ou fix cents milliers : cependant en augmentant
l ’elpace des hangards, & en doublant les machines & les
hommes, on en viendroit à bout, & l ’économie qu’on
trouveroit par la moindre confommation de charbon,
dédommagerait & au-delà de tous ces irais.
On doit traiter de même les mines qui font mélangées
de graviers calcaires & de petits cailloux ou de fable vitre A
cible ; en foparer le plus que l’on pourra de cette foconde
matière à laquelle la première fort de fondant, & que par
cette raifon iln ’ellpas néceffaire d’ôter, à moins qu’elle
ne fût en trop grande quantité ; j’en ai travaillé deux de
cette eljaèce, elles font plus iufibles que les autres, parce
qu’elles contiennent une bonne quantité de caffine, &
qu’il ne leur en faut ajouter que peu ou même point
du tout, dans le cas où il n’y auroit que peu ou point
de matières vitrefoibles.
Lorique les mines de for ne contiennent point de
matières vitrefoibles , & ne font mélangées que de matières
calcaires, il faut tâcher de reconnoître la proportion du
fer & de la matière calcaire, en foparant les grains de mine
un à un fur une petite quantité, ou en diffolvant à l’eau-forte
les parties calcaires, comme je l’ai dit ci-devant. Lorf-
qu’on fo fora affuré de cette proportion, on faura tout
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