J ’avoue néanmoins que ce temps tout confidérable
qu’il eft, ne me paroît pas encore a fiez grand, affez long
pour certains changemens, certaines altérations fuccef-
fives que l’Hiftoire Naturelle nous démontre, & qui
femblent avoir exigé une fuite de fiècles encore plus
longue ; je ferais donc très - porté à croire, que dans
le réel les temps ci-devant indiqués pour la durée de la
Nature, doivent être augmentés peut-être du double fi
l ’on veut fe trouver à l’aifè pour l’explication de tous les
phénomènes. Mais je le répète, je m’en fuis tenu aux
moindres termes, & j ’ai reftreint les limites du temps
autant qu’il étoit poffible de le faire, fins contredire les
faits & les expériences.
On pourra peut-être chicaner ma théorie par une
autre objection qu’il eft bon de prévenir. On me dira
que j’ai fuppofé, d’après Newton, la chaleur de l’eau
bouillante trois fois plus grande que celle du Soleil
d’été-, & la chaleur du fer rouge huit fois plus grande
que celle de l’eau bouillante, c ’eft-à-dire vingt-quatre
ou vingt-cinq fois plus grande que celle de la température
aétuelle de la Terre, & qu’il entre de l’hypothétique
dans cette fuppofition, fur laquelle j’ai néanmoins fondé
la fécondé bafe de mes calculs, dont les réfultats feraient
fans doute fort différens, fi cette chaleur du fer rouge ou
du verre en incandefcence, au lieu d’être en effet vingt-
cinq fois plus grande que la chaleur aétuelle du globe,
n’étoit par exemple que cinq ou fix fois aufft grande.
Pour fentir la valeur de cette objection , faifons d’abord
P a r t i e h y p o t h é t i q u e . 5 4 7
le calcul du refroidiffement de la Terre, dans cette
fuppofition qu’elle n’étoit dans le temps de l ’incan-
defcence que cinq fois plus chaude qu’elle l’eft aujourd’hui,
en fuppofant comme dans les autres calculs,
que la chaleur foiaire n’eft que — de la chaleur terreftre.
Cette chaleur folaire qui fait aujourd’hui compenfation
de -j^-, n’auroit fait compenfation que de dans le
temps de l ’incandefcence. .Ces deux termes ajoutés,
donnent qui multipliés par z \ moitié de la fournie
de tous les termes de la diminution de la chaleur,
donnent -jjj pour la compenfation totale qu a faite la
chaleur du Soleil pendant la période entière de la déperdition
de la chaleur propre du globe qui eft de
74047 ans- -A-'nf1 f ° n aura 5 • ïTô : : 7 4 ° 4 7 '■ 888 j j -
D ’où l’on voit que le prolongement dji reffoidiffement
q u i, pour une chaleur vingt - cinq fois plus grande
que la température aétuelle, n’a été que de 770 ans,
aurait été de 888 dans la fuppofition que cette
première chaleur n’auroit été que cinq fois plus grande
que cette même température aétuelle. Cela feul nous
fait voir que quand même on voudrait fùppofèr cette
chaleur primitive fort au-deffous de vingt-cinq, il n’en
réfulteroit qu’un prolongement plus long pour le re-
ffoidiflement du globe, & cela feul me paroît fùffire
aufft pour fatisfâire à l ’objeétion.
Enfin, me dira-t-on, vous avez calculé la durée du
refroidiffement des planètes, non-fèulement par la raifon
inverfe de leurs diamètres, mais encore par la raifbn
Z z z ij